Les changements climatiques représentent un enjeu majeur pour nos sociétés actuelles. L’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050 est, depuis le rapport du GIEC en 2018, l’objectif mondial en ce qui a trait aux efforts climatiques. L’urgence se fait de plus en plus ressentir alors que plusieurs grands acteurs (pays, villes, entreprises, investisseurs, etc.) ont déjà pris des engagements envers la carboneutralité. Il est important, dans l’atteinte de ces objectifs durables, de considérer l’ensemble des éléments pouvant avoir un impact direct ou indirect sur la planète. Alors que très peu connaissent son impact environnemental, le numérique entraîne des répercussions non négligeables et doit être pris en compte. Vivant de plus en plus dans un monde qui se dématérialise, nous devons mieux comprendre l’impact de notre consommation numérique.  

Les impacts du numérique  

Aspect environnemental  

Bien que les technologies puissent être dans bien des cas un allié à l’écologie, elles ont tout de même leurs contraintes. Il a été démontré que 4 % des GES dans le monde proviennent de la consommation numérique. On estime que d’ici 2025, ce pourcentage doublera pour atteindre les 8 % des émissions mondiales. L’empreinte carbone du numérique fait référence à la quantité de CO2e* émise par les activités reliées aux technologies de l’information et de la communication (TIC). Selon un rapport de l’ADEME, les émissions numériques proviennent des centres de données (25%), des infrastructures réseau (28%) et des équipements des consommateurs (47%) (ex. ordinateurs, cellulaires, tablettes). Pour comprendre la pollution numérique reliée aux équipements électroniques, il est nécessaire de s’intéresser à l’ensemble du cycle de vie des produits, de leur fabrication jusqu’à la gestion des déchets. Bien des études démontrent que la phase de fabrication est celle qui produirait le plus de CO2e. D’ailleurs, en 2020, la quantité de déchets d’équipements électriques et électroniques est estimée à plus de 50 millions de tonnes et moins de 20% seraient recyclés.  

*Il est pertinent de noter la différence entre CO2 et CO2e dans la compréhension de l’impact environnemental. Le CO2e, ou dioxyde de carbone équivalent, est une norme internationale qui consiste à calculer l’ensemble des impacts environnementaux, au-delà des émissions de doxique de carbone. Autrement dit, il s’agit d’un amalgame de données portant sur la pollution qui permet d’obtenir un indicateur comparatif. 

Il est pourtant démontré qu’au-delà des impacts négatifs, le développement de nouvelles technologies procure bien des avantages et engendre des gains d’efficacité tout en permettant de réduire les émissions de GES de plusieurs entreprises. Il est intéressant de se pencher ici sur la notion d’effets rebonds qui se définit comme suit : chaque fois qu’une innovation ou une technologie nous permet de consommer en utilisant moins d’énergie ou de matière, nous avons tendance à augmenter notre consommation. À titre illustratif, l’avènement du 5G aurait des impacts importants sur l’environnement. Bien qu’elle soit plus efficace que la 4G, elle est plus énergivore. Des écologistes abordent l’effet rebond de son déploiement, qui causera la hausse de la consommation de données et d’usage des télécommunications. Oui, les avancées technologiques (ex. Intelligence artificielle) peuvent contribuer positivement à l’écologie, mais il est important de ne pas négliger ses impacts négatifs et ses effets rebonds.  

Aspect social  

En plus d’avoir des impacts considérables sur l’environnement, le numérique entraîne des répercussions sociales. Depuis déjà un temps que la question entourant l’hyperconnectivité est discutée. L’omniprésence des technologies peut entraîner des conséquences, notamment sur la santé mentale. La pandémie du coronavirus et les multiples confinements ont fortement augmenté l’utilisation du numérique dans l’ensemble des activités quotidiennes. Par exemple, la COVID-19 a modifié nos manières de travailler, nous obligeant à être constamment connectés sur nos appareils électroniques. La pandémie peut être considérée, entre autres, comme un facteur accélérateur de la prise de conscience de la surconsommation numérique. Par exemple, pour pallier cette hyperconnectivité et ses conséquences sur la santé mentale, une nouvelle loi fut récemment adoptée par le gouvernement de l’Ontario obligeant les employeurs à respecter le droit à la déconnexion de leurs employés. La pandémie a également mis en évidence les inégalités sociales associées à la numérisation. En effet, certains groupes tels que les autochtones, les ménages à faible revenu, les personnes âgées ou encore les nouveaux arrivants ne bénéficient pas totalement des avantages économiques, sociaux et éducatifs des technologies numériques.  

La RNE comme nouveau paradigme  

Dans une ère où la numérisation entraine de profonds changements dans nos vies, créant de nombreuses opportunités pour les entreprises, de nouveaux questionnements éthiques et responsables émergents concernant son utilisation. Ces nouvelles responsabilités ont récemment mené au développement du concept de la responsabilité numérique des entreprises (RNE). La RNE peut se définir comme l’ensemble des pratiques et des comportements qui aident les organisations à utiliser les données et les technologies numériques d’une manière qui est perçue comme économiquement, socialement et environnementalement responsable.” Au même titre que la responsabilité sociale des entreprises (RSE), la RNE se positionne comme un mode de gouvernance. Au centre des valeurs et de la raison d’être d’une entreprise, la RNE gouverne l’ensemble des prises de décisions et va au-delà des règlementations pour permettre aux organisations d’avoir un impact positif sur la planète et la société.  

La sobriété numérique : une avenue facilement activable  

La sobriété numérique, un concept qui a émergé au cours des années 2000, propose de revoir notre utilisation du numérique de manière à réduire les impacts négatifs sociaux et environnementaux. La question de l’usage des outils technologiques est donc centrale au concept, nécessitant un changement de paradigme dans nos manières de consommer. Quoiqu’émergente, la sobriété numérique prend de plus en plus d’ampleur dans un monde toujours plus consciencieux des causes environnementales et sociales. Ainsi, la sobriété numérique est une solution qui peut être facilement activable, par les individus et les entreprises, puisqu’elle vise un changement de comportements, comparativement à d’autres pans de la RNE. En effet, ces autres avenues demandent dans bien des cas des modifications majeures. Par exemple, s’équiper de serveurs alimentés par une énergie propre nécessite des analyses et des investissements beaucoup plus conséquents. Il est donc faux de dire que diminuer son empreinte numérique est complexe. Il est possible de commencer à agir, en changeant notre manière d’utiliser les technologies.  

La sobriété numérique peut s’articuler autour du concept des 5R, développé par le collectif BureauVert en France. Elles se désignent comme suit :  

Refuser

le mode de consommation actuel des produits technologiques, notamment le changement fréquent des appareils et l’obsolescence programmée. 

Réduire

son utilisation d’Internet et de ses appareils électroniques en se déconnectant des sites Web non utilisés et en éteignant ses appareils électroniques la nuit. 

Réutiliser

les ressources numériques déjà disponibles plutôt que d’en charger ou de créer de nouveaux documents électroniques. 

Recycler

ses appareils électroniques dans des centres de collecte plutôt que de les conserver chez soi ou de les jeter dans la poubelle régulière. 

Reconnecter

à la nature en favorisant des moments sans écrans .

Plus concrètement, il existe déjà quelques actions qui peuvent être faites pour réduire l’empreinte des technologies. Par exemple, il est possible et souhaitable de rallonger la durée de vie de nos équipements électroniques. Au Québec, parce que notre énergie est, majoritairement, propre, 80 % des émissions de GES proviennent du processus de fabrication. Si chacun de nous ralentit son rythme de renouvellement en faisant réparer ou améliorer son matériel existant plutôt que de racheter, les impacts seront majeurs. D’autres habitudes faciles à prendre comme celle d’éteindre tous ses appareils pendant la nuit et la fin de semaine feront également économiser des sommes considérables de kWh et prolongeront leur durée de vie. Des habitudes d’utilisation comme l’envoi de liens plutôt que de volumineuses pièces jointes ou la limitation de l’utilisation de la vidéoconférence pourraient aussi avoir des effets positifs importants.  

Une démarche d’entreprise responsable  

Bien que les individus aient leur rôle à jouer dans la réduction de l’empreinte numérique, les entreprises ont une position majeure dans l’adoption de la sobriété numérique, puisque 55 % des émissions de carbone émises par la technologie proviennent des outils d’utilisation et de traitement des données tels que les terminaux, les centres de données et les réseaux. Puisque les entreprises canadiennes sont responsables d’une grande part de la consommation énergétique (jusqu’à 84%) et que plus de la moitié d’entre elles amorcent une transformation numérique, il devient primordial pour ces dernières d’adresser leur empreinte numérique. Il est donc envisageable qu’au cours des prochaines années, des stratégies et des initiatives vertes pour réduire l’empreinte numérique soient considérées comme un facteur de différentiation pour l’ensemble des industries.  

En tant que première firme de consultation certifiée Bcorp, Talsom s’est bâti une expertise dans l’accompagnement de la certification. Grâce à nos multiples expertises, nous pouvons vous accompagner de la phase d’audit à l’obtention de la certification et son maintien. Il nous est également possible de vous accompagner dans l’évaluation de la quantité de CO2e reliée aux usages numériques en entreprise 

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