L’intelligence artificielle (IA) a révolutionné notre quotidien et nos façons de travailler n’y font pas exception. Cependant, de nombreuses résistances et barrières persistent encore face à l’adoption de l’IA par certaines entreprises. Les inquiétudes de ces dernières sont aussi diverses que pertinentes, certains enjeux sont toutefois partagés par la majorité des entreprises en questionnement vis-à-vis de l’adoption de l’IA.
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Les retours sur investissement de l’IA : miracle ou mirage ?
Forts d’un engouement dont seules les nouvelles technologies ont le secret, les projets en IA se sont multipliés au cours des dernières années. Mais dans quelles conditions ? Il y a encore peu de temps, les profils d’experts en IA (ex. ingénieurs, data scientist, mathématiciens, etc.) s’arrachaient sur le marché des talents, les annonces-chocs de partenariats et/ou d’acquisition se multipliaient et le milieu de la recherche & développement était en pleine ébullition.
Officialisée comme véritable domaine scientifique en 1956 lors d’une conférence aux Etats-Unis, c’est à partir de 2010 que l’on voit des applications concrètes de l’IA dans le monde de l’entreprise avec des chefs de file comme Google ou Facebook. Comme toute nouvelle technologie, les ressources nécessaires et les retours sur investissement n’étaient pas toujours évidents. Les efforts déployés, les risques associés à la recherche et développement réduisaient les bénéfices. Adopter l’IA est une démarche nécessitant un niveau de préparation et d’investissement conséquent. Une définition des objectifs, une planification stratégique en intelligence d’affaires et une évaluation des capacités de l’entreprise à soutenir cette démarche sont donc nécessaires. En ce sens et considérant que l’adoption de l’IA fait partie des axes de développement économique du Québec et du Canada, de nombreux programmes de subventions aux niveaux fédéral et provincial existent et sont accessibles aux organisations de toutes tailles et de tous secteurs d’activités. Autant d’opportunités pour soutenir l’adoption de l’IA, tout en réduisant les risques associés à cette transformation.
Enfin et surtout, l’IA se démocratise, ce qui se traduit par le développement d’outils clé en main et ne nécessitant aucune connaissance technique avant d’être déployé. Il « suffit » de former les employés à utiliser et interagir avec ces nouveaux outils pour bénéficier de technologies dont les ROI sont déjà établis.
Deux entreprises, Altus Drones et Parrot en France, ont développé des drones qui sont en mesure de faire l’inspection d‘éolienne. Ces drones identifient à l’aide de programme d’IA les problèmes ou défauts visibles sur les différentes composantes des éoliennes (la tour, la nacelle, les pales, la visserie et boulon). Ceux-ci sont également liés à un système d’IA permettant de faire l’analyse des données captées et de générer un rapport en fonction des paramètres qui étaient à étudier. Une tâche qui était autrefois réservée à des ingénieurs spécialisés dans la maintenance d’éolienne peut maintenant être confiée à un technicien en charge de piloter ce drone.
L’IA va remplacer l’humain: mythe ou réalité?
Bien sûr, l’adoption de l’IA dans votre entreprise passe par son acceptation par les employés. Il devient donc nécessaire de surmonter les craintes auxquels ils peuvent être sujet, à commencer par le fait de perdre son travail.
Rêve pour les uns, cauchemars pour les autres, il faut bien reconnaitre qu’aucune réponse simple à cette inquiétude n’existe. Si la crainte de voir son emploi remplacer par un algorithme est justifiée dans certains cas – comme pour les tâches répétitives – il faut être clair : rien n’équivaut l’intelligence humaine! En effet, l’IA doit être utilisée comme un outil permettant de libérer du temps de travail, approfondir nos capacités d’analyses et de compréhension d’un phénomène, ou encore de traiter un plus grand nombre d’informations et non pas comme un concurrent ni même un ennemi. À cet égard, la science a démontré à plusieurs reprises que la combinaison de l’IA à l’intelligence humaine constituait la meilleure approche. Ainsi, l’IA devrait être perçue comme une alliée par l’utilisateur final.
L’automatisation pour libérer vos ressources
L’IA peut être un bon levier pour aider lutter contre la pénurie de main-d’œuvre. La saturation sur le marché de l’emploi force les entreprises à revoir leur besoin en matière de main-d’œuvre. L’automation de certains processus et tâches permet de libérer vos ressources et de les assigner à des tâches à plus grandes valeurs ajoutées. Il est cependant important de s’assurer que cette nouvelle définition de postes ou de tâches répond à ce à quoi aspire votre employé.
De récentes données démontrent que la maturité numérique d’une entreprise influence les talents dans leur choix d’emploi et à un impact sur leur désir ou non de quitter leur emploi actuel. Ce sont 93% des employés sondés qui affirment qu’une entreprise est plus attrayante pour les talents lorsqu’elle intègre les nouvelles technologies dans les processus de travail.
Dans un article du Havard Gazette, Joseph Fuller, professeur en pratique de gestion à Harvard Business School présentait que l’IA permet maintenant aux employés de mieux faire leur travail, de faire moins d’erreurs et de mettre en valeur leur expertise pour mieux la faire rayonner au sein de l’entreprise. Dans beaucoup d’emploi, l’IA peut non seulement être utilisée pour des tâches répétitives, mais également permet de nourrir des tâches et des décisions plus stratégiques.
L’IA: éthique ou amorale?
Faire de l’IA une alliée impose de créer un lien de confiance, ce qui est à ce jour très difficile, d’une part car les algorithmes sont des machines abstraites, mais d’autre part à la suite des scandales récents impliquant l’IA et l’éthique. Par exemple en 2018, un outil de recrutement en IA avait fait scandale chez Amazon puisqu’il semblait avoir des biais contre les femmes.
Il faut rappeler un point fondamental : L’IA n’est pas éthique. Comme toute autre technologie, un algorithme est amoral, ce sont les applications développées et leurs usages qui posent problème. En ce sens, ce sont les décisions stratégiques prises en amont du développement d’une IA qu’il faut remettre en question et analyser au travers du prisme de l’éthique. Si les données qui sont fournies à l’algorithme ont déjà un certain biais, l’algorithme sans même le vouloir va répéter ce biais. Dans le cas d’Amazon, l’algorithme avait été nourri de données qui caractérisaient un bon candidat. Les employés occupant ses postes étant majoritairement des hommes, l’algorithme a pris en compte que le fait d’être homme était une caractéristique clé à la définition d’un bon candidat. L’algorithme ne faisait donc que répéter une inégalité déjà présente.
Une chose est certaine : l’inaction est probablement le plus mauvais choix face à un enjeu en IA. Implanter des outils d’IA va nécessairement poser des questions de responsabilités et d’éthique. Les réponses ne sont pas évidentes, mais il faut les voir comme une occasion de mobiliser les personnes concernées, qu’ils s’agissent de vos employés, vos fournisseurs ou encore vos clients afin de les concerter et définir un champ d’action avec un cadre éthique limpide. En cas de manquement à l’égard de l’éthique, la sanction (sociale plus que juridique) peut être très sévère, cependant, les gains sont à la hauteur des risques, lorsque la démarche de questionnement est réalisée de façon vertueuse. Selon Andrew Burt du Harvard Business Review, les entreprises utilisant l’IA ont le devoir d’être transparentes par rapport à leur choix en IA et dans son application. Par le fait même doivent se tenir à jour des avancées pour assurer d’amener toutes modifications nécessaires pour assurer un respect des normes d’éthiques et gouvernance des données.
À l’heure où l’adoption de l’intelligence artificielle dans nos entreprises est encore un sujet de division et d’indécision, il est fondamental de constater que les gains de l’IA sont réels et concrets. Pour favoriser le succès de votre projet d’adoption de l’IA, il faut tirer les apprentissages des précédents projets et vous assurer de satisfaire les 3 piliers suivants : planifier votre stratégie d’intelligence d’affaires (1 – Technologique), soutenir votre démarche grâce à la gestion du changement (2 – Humain) et poser un cadre éthique limpide dans votre utilisation de l’IA (3 – Sociale).
Comprendre et anticiper les choix technologiques revêt une importance capitale dans le succès des projets de transformation numérique.
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