Le 8 novembre dernier, 165 personnes se réunissaient d’un côté et de l’autre de l’Atlantique pour le Design Thinking JAM. Une partie se trouvait dans le Cœur des sciences l’UQAM et l’autre au cœur de la capitale française.

Cela dit, les architectes DT de Talsom et l’équipe de Déclic s’étaient rencontrés bien avant le 8 novembre, pour choisir la direction à prendre afin d’atteindre leur objectif commun ; Définir l’offre de services du Campus Agora. L’événement « JAM » ne serait qu’une étape, mais une étape décisive.

Mais n’avez-vous pas l’impression d’avoir manqué un bout de l’histoire ?

Si oui, nous vous invitons à prendre un peu de recul. Car, ce n’est qu’avec l’histoire au complet que notre expérience du 8 novembre pourra acquérir toute sa valeur. Embarquons ensemble dans le récit captivant de cette grande aventure.

1993

Déclic voit le jour et se donne la mission de changer l’avenir des jeunes adultes raccrocheurs de 18 à 25 ans. Leur approche interdisciplinaire se révèle rapidement nécessaire et efficace.

2010

Talsom est créé avec la vision d’impacter positivement le monde à travers l’humain, la technologie et l’innovation. La volonté de s’investir dans des projets sociaux se développe au sein de l’entreprise.

2016

Chez Déclic, le projet Campus Agora voit le jour. L’objectif ?

  • Créer un programme de formation en adaptation scolaire pour permettre aux jeunes adultes en difficulté, porteurs de traumas complexes, de terminer leur secondaire et entreprendre une formation professionnelle
  • Créer des résidences étudiantes pour assurer la stabilité du logement
  • Développer des approches pédagogiques différenciées qui répondent entièrement aux besoins des élèves qui présentent des difficultés et des troubles d’apprentissage
  • Créer des espaces éducatifs flexibles et adaptatifs qui soutiennent le développement personnel et professionnel des étudiants
  • Développer un milieu de vie et d’apprentissage bienveillant où les durées de parcours sont adaptées aux besoins spécifiques des élèves

Ces ambitions sont à la hauteur des enjeux auxquels se confrontent les jeunes raccrocheurs. Les solutions que propose déjà l’organisme aident, mais ses membres voient plus grand

2018

La première édition du DT Jam se lance en collaboration avec le journal l’Itinéraire. C’est sous ce format innovant que Talsom choisit de consacrer une partie de ses bénéfices à des causes sociales. Notre méthode de Design Thinking en six étapes (empathie, définition, idéation, prototype, test et réalisation) prouve encore davantage son efficacité dans le cadre de ce projet pro bono. Dès le premier numéro, nous parlons de cocréation et de collaboration avec les équipes du journal distribué par les camelots.

Le nom « Jam » reflète cette volonté. Comme pour un Jam de musique, nous voulons nous retrouver pour créer spontanément des solutions. Et si c’est lors de la journée événement que cet aspect transparaît le plus, pendant les étapes de préparation, d’empathie et de définition, l’esprit de création collaboratif opère déjà. Cinq éditions suivront.

Août 2023

C’est en prenant la mesure des enjeux auxquels se confrontent Déclic et la persévérance de ses équipes que Talsom, en août 2023, décide finalement de s’investir dans le projet du Campus Agora. Nos équipes écrivent dans leur rapport :

« Le plus de ce projet est que l’empathie est centrale, nécessaire et bénéfique. Nous travaillerons avec les jeunes pour les jeunes. »

Rapidement, deux chantiers distincts, mais complémentaires, émergent. Celui de l’événement Jam et celui de notre collaboration sur le plus long terme.

Du côté de l’événement, la phase de définition et celle d’idéation commencent. Nos premiers ateliers pour organiser le Jam 2023 ont lieu. L’événement Jam est central, mais il n’est pas le seul objectif. À vrai dire, il n’est qu’une étape dans un long projet dont la problématique se dessine :

Comment pourrions-nous accompagner les jeunes qui sortent de la DPJ à s’intégrer dans la société à travers un espace (Campus Agora) et des services adaptés à leurs besoins ?

Septembre 2023

À l’automne 2023, la phase d’empathie du projet global débute. Ce moment crucial confirme la valeur de notre choix. Selon notre démarche, nous devons commencer par écouter, comprendre et nous imprégner de l’environnement dans lequel vivent les jeunes. Cette phase, même si nous la plaçons au début du processus, se poursuit tout au long de l’aventure Jam.

Mais comment se manifeste cette empathie ? Pour la stimuler, deux activités sont mises en place :

  • Les ateliers « parcours »
  • Les entretiens

Nous commençons par les parcours, une projection nécessaire au Design Thinking d’innovation sociale. Ensemble nous construisons le déroulement typique de la vie scolaire des jeunes de Déclic. Cette approche nous aide à mieux envisager des solutions de manière systémique.

Il n’est pas encore question du Campus Agora, mais seulement de construire des profils types et fictifs (ce qu’on appelle des « personas ») de jeunes qui seraient susceptibles de vivre dans le campus. Tout au long de notre collaboration, il a été primordial pour nous de préserver l’anonymat des jeunes de Déclic, tout en les plaçant au centre de nos efforts.

Voici un exemple de parcours :

  • Personnage : Axel
    • Enfance marquée par la violence, intègre un centre jeunesse tôt
    • À 18 ans, contraint de quitter le système, il vit dans la rue
  • Avec Déclic
    • Rencontre avec Julie, intervenante dévouée
    • Soutien psychosocial, traitement respectueux, bienveillance
    • Julie accompagne Axel dans le développement de son autonomie : épicerie, ménage, transports
    • Aide à trouver logement et emploi
  • Évolution
    • Établit des liens sociaux, gagne en confiance
    • Rencontres avec Julie moins fréquentes, autonomie croissante
  • Transition réussie
    • Trouve appartement, emploi, passion pour la créativité
    • Actif dans la communauté artistique montréalaise

Les liens se créent et nous permettent d’aborder de la meilleure façon le second exercice plus intime et déterminant, les entretiens.

Octobre 2023

On questionne maintenant les jeunes sur leurs attentes concernant l’événement :

« On veut un lieu d’accueil qui nous ressemble ! »

« On veut participer en amont de l’événement, dans l’organisation ! »

La phase d’empathie est aussi une phase de recherche. Nos équipes emmagasinent alors le plus d’informations possible sur le milieu de l’enseignement et plus précisément sur le phénomène du décrochage scolaire.

Après avoir construit des guides d’entretien, nous nous entretenons avec plusieurs jeunes et intervenants de l’équipe Déclic, ainsi qu’avec certains partenaires. Ces guides aident à garder une certaine flexibilité, de sorte à créer des environnements adaptés et confortables pour les jeunes.

Nous relevons leurs préoccupations, leurs attentes, leurs histoires et en tirons quelques conclusions. En voici quelques-unes :

  • Les jeunes veulent que l’Agora soit un lieu de stabilité pour se créer une routine, garder le même entourage.
  • L’Agora peut devenir un lieu de socialisation pour les jeunes. Ce lieu de contact doit tout de même rester sécuritaire et prendre en compte les limites des jeunes.
  • L’Agora peut aider les jeunes « à se trouver », développer leurs passions, et par la même occasion, construire leur identité.

8 novembre 2023

La journée du DT Jam de Talsom se déroule sous les meilleurs auspices, au rythme de la créativité et de l’innovation. Avec une participation de 165 invités, cette initiative fait naître des idées et des inspirations qui touchent chacun d’entre nous. Ensemble, nous travaillons en symbiose pour façonner et donner vie à 16 prototypes novateurs, qui constitueront les piliers essentiels de la progression de l’équipe du Jam avec Déclic.

Notre rencontre se termine dans une atmosphère conviviale lors d’un 5 à 7, où nous célébrons nos accomplissements et renforçons les liens formés au cours de cette journée mémorable.

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Décembre 2023

Beaucoup de choses restent à faire. Après l’idéation et l’événement : le prototypage. En effet, si la journée JAM nous a aidé à franchir la phase d’idéation et à la rendre la plus riche possible, il nous faut encore organiser nos idées, les rendre plus tangibles dans le but de les tester auprès des jeunes afin de récolter leurs impressions et commentaires. Parmi elles :

  • Le lancement de l’application IAgora pour se connecter directement aux besoins des jeunes
  • La construction d’un Jardin d’hiver communautaire, pour se reconnecter avec le calme de la nature
  • L’habitude de sonder les jeunes, pour toujours écouter leurs besoins
  • Construire un arbre à souhait, pour toujours actualiser les besoins
  • Fonder le Conseil des jeunes adultes du Campus Agora, pour leur donner une place dans les décisions du campus
    • Et d’autres encore…

Hiver 2024

Au lieu de sélectionner une ou deux de ces idées et de les isoler, nous avons choisi de les intégrer dans trois scénarios de journées types que vivrait un élève fictif inscrit au Campus Agora.

Voici la journée de Fabien : Un équilibre entre travail, études, engagement communautaire et moments de détente dans les espaces spéciaux du campus.

  • Matin : Consultation de l’application iAgora pour vérifier les horaires de travail et explorer le calendrier des activités en ligne.
  • Jardin d’hiver : Socialisation et jardinage avec d’autres passionnés tout en traversant ce lieu paisible.
  • Rotonde d’entrée : Rencontre avec l’arbre à souhait, une installation numérique révélant les aspirations anonymes des résidents.
  • Cafétéria : Travail derrière le comptoir, cuisinant des plats sains avec des tarifs étudiants modulés. Gestion de la caisse pour subvenir à ses besoins.
  • Après le travail : Détente dans la salle de « recharge » sans réseau, lecture et tisane ou possibilité de participer à des activités, comme l’atelier de peinture dans la salle autogérée.

Alors que nous refermons provisoirement ce chapitre, soyez assurés que l’histoire du Campus Agora est loin d’être terminée. Nous vous invitons à rester connectés, car de nouvelles pages se dévoileront bientôt et aborderont les scénarios.