Entrepreneur(e)s, c’est à notre tour !

Article écrit par Olivier Laquinte

Depuis plusieurs semaines, la pandémie mondiale de la Covid-19 impose un arrêt brusque et déroutant à ce qui paraissait être une croissance économique sans fin. L’économie mondiale connaissait ses meilleurs chiffres en 50 ans et la confiance des investisseurs, des entrepreneurs, des travailleurs et des consommateurs ne semblait pas pouvoir s’essouffler. Même si tout a basculé, les entrepreneurs doivent aujourd’hui conserver cette confiance en eux pour qu’à leur tour, ils répondent à l’appel, celui de provoquer une relance économique pour le bien-être collectif. 

C’est toute l’économie mondiale qui ressentira l’effet de cet arrêt brusque de la croissance économique. Selon l’Organisation mondiale du commerce, la chute du commerce mondial pourrait atteindre 32 % en 2020. Le Fonds monétaire international prévoit que le PIB mondial pourrait se contracter de près de 3% cette année. On parle de récession, de dépression et la chute des PIB des plus grands États est inquiétante, 6 % aux États-Unis, 7.5 % dans l’Union européenne et des taux de chômage impressionnants aux États-Unis comme ici. Tout cela avec en toile de fond, le risque de voir de nouveaux foyers d’éclosion perturber les efforts de relance pour les années qui suivront.

La reprise des activités économiques normales n’est plus envisageable et les entrepreneurs devront s’adapter à une nouvelle réalité. Pour arriver à se démarquer, il faudra donc être encore plus innovant qu’avant la crise, investir dans des projets de transformation pour adapter sa chaîne de valeurs en fonction de nouveaux besoins et, surtout, continuer à investir dans les talents et le capital humain.

Les surplus de nos gouvernements risquent de fondre avec les dépenses actuelles. Ces dépenses nécessaires menacent de nous plonger dans un déficit qui pourrait mettre à mal notre capacité à maintenir nos services publics et notre modèle de société. Après la santé publique, c’est donc l’économie qui sera le chantier le plus important.

Quiconque voudrait repartir là où il était avant la crise en paierait le prix fort. Une nouvelle normalité se dévoilera à nous au cours des prochains mois. Nous n’aurons pas d’autre choix que de transformer nos entreprises, non seulement pour nous adapter, mais aussi pour y performer et croître.

L’investissement local jouera un rôle important pour remettre la machine en marche. Le gouvernement Legault l’a déjà compris, ses initiatives récentes vont en ce sens. Les autres États adopteront probablement aussi cette posture, ce qui rendra plus difficiles les exportations et nous imposera d’être d’autant plus concurrentiels et innovants.

Après la courbe de la COVID-19, c’est donc sur la courbe de l’économie que nous devrons concentrer nos efforts, avec l’objectif d’une reprise qui soit la plus rapide possible, mais aussi qui puisse se maintenir et demeurer stable. Après une ère spéculative de l’économie où tout semblait possible, nous entrons dans une ère dont nous ne maîtriserons pas tous les éléments fondamentaux.

On observe déjà des changements d’habitudes des consommateurs. D’autres changements encore plus radicaux sont à prévoir quant au pouvoir et au désir même d’achat. Les chaînes d’approvisionnement seront transformées et passeront d’une dynamique d’un marché global à un marché plus local. Même le rapport employeur-employé risque d’être modifié, puisqu’une génération complète est entrée sur le marché du travail dans un contexte de plein emploi, et ce n’est déjà plus le cas. De plus, la réouverture des entreprises impliquera un changement des règles et des processus afin de respecter les directives sanitaires qui seront émises au moment opportun, ces restrictions auront aussi un impact potentiel sur la productivité.

Ces dernières semaines, nous sommes nombreux à nous concentrer sur la crise, à nous préoccuper de la survie de nos entreprises, à assurer notre capacité à poursuivre nos activités, et à préserver les liens d’emploi avec nos employés lorsque c’est possible. Dans les prochains mois, c’est pour l’ensemble de la collectivité que nous devrons relever les défis qui nous attendent. Les entrepreneurs seront sur la première ligne et devront réaliser à leur manière un véritable effort de guerre. Nous le ferons pour nos familles, nos entreprises, nos employés, mais aussi pour l’ensemble des Québécois et des Canadiens.