Est-ce que je pense à ce que tu penses?

Ah … le combat auquel je fais face quotidiennement. Au moment où je pense avoir compris, je me retrouve à la planche à dessin. Je n’arrive pas mettre le doigt dessus …. à quoi l’autre personne peut bien penser et pourquoi est-ce que je ne peux pas voir dans sa tête ? Dans ma réalité, cette personne est ma fille de 2 ans ! Est-ce qu’elle veut manger, jouer ou dormir ? Elle me donne parfois ce regard qui me confond et qui m’oblige à deviner pour tenter de l’apaiser. Au fil du temps, je dirais cependant que mon taux de réussite est de mieux en mieux !

En toute honnêteté, c’est la réalité que nous vivons assez souvent en gestion du changement!

Avons-nous tout ce qu’il faut et prenons-nous en considération ce que les usagers impactés pensent du changement ? Faisons-nous des hypothèses qu’ils aiment ou détestent le changement ? Ont-ils compris le changement ? Est-ce qu’ils connaissent même le pourquoi du changement ? En fait, je voudrais connaitre les réponses à ces questions avec ma fille lorsqu’il est le temps de la coucher !

Il existe de nombreuses techniques qui peuvent servir d’outils d’évaluation. Il est également possible d’utiliser des concepts plus simples comme l’empathie ou y aller plus en profondeur au niveau de l’intelligence émotionnelle et de la théorie de l’esprit.

Cependant, comment pouvons-nous alors réellement comprendre nos usagers impactés sans avoir à se pencher dans nos livres de psychologie de l’université ?

Vous seriez surpris à quel point certaines de ces méthodes sont plus simples que vous le croyez ! Je me souviens d’avoir été impliqué dans un projet de déploiement de logiciels. L’équipe de projet se concentrait beaucoup sur les détails techniques. Certains d’entre nous ont demandé à l’équipe de projet de prendre un peu de recul et de considérer les usagers qui seraient touchés par le nouveau logiciel et de ce qu’ils pourraient penser du dit changement. La réponse fut que les usagers n’auraient pas d’autres choix que de l’accepter comme tel et que l’on devrait se retenir d’en parler. Il nous a alors été demandé de simplement écrire les communications et offrir des séances de formation. Des éléments qui étaient jugés suffisants… Devrais-je partager avec vous les résultats d’un sondage distribué aux usagers après que le logiciel fut déployé? Le nombre de quantité d’appels reçus par le soutien technique qui ont été enregistrés ?

 D’après mon expérience et en gardant en tête les principes de gestion du changement, voici ce que je voudrais suggérer sur la façon dont nous pouvons travailler pour comprendre ce que pensent les usagers impactés 

1Parlez-en avec les usagers impactés.

 Il est absolument nécessaire que vous preniez le temps de parler avec les usagers impactés. Planifiez des entretiens, des discussions en groupe, des déjeuners ou pauses café, des séances individuelles … peu importe la façon, afin de vous assurer de comprendre ensemble ce qui se passe et pourquoi. Prosci, le plus grand organisme de gestion du changement, souligne également cette importance lors de l’utilisation de leur modèle ADKAR (Awareness-Desire-Knowledge-Ability-Reinforcement). 

2. Obtenir l’aide des agents de changement et du réseau de changement. 

N’essayez pas de tout faire par vous-même ! Vos meilleurs alliés dans la gestion du changement sont vos agents de changement et le réseau de changement. Une fois que vous avez établi qui ils sont, ils peuvent être vos points de contact pour vous nourrir d’information sur ce que vos usagers impactés pensent et ainsi vous aider à guider les activités en gestion du changement.

3. Apprenez de vos expériences.

Le projet de déploiement de logiciels nous a vraiment aidés à apprendre plusieurs leçons et nous  nous sommes tous améliorés dans notre approche. Les expériences du passé seront toujours présentes pour vous fournir de l’information sur les pratiques culturelles et les comportements dans l’environnement lorsqu’un changement se produit ainsi qu’une méthodologie sur le  » comment approcher  » vos usagers impactés que vous n’avez jamais pensé !

Après un tel exercice, je me sens plus confortable pour comprendre ma fille : je discute plus souvent avec elle pour connaitre ses pensées et elle parle beaucoup ! Ma conjointe est mon agent de changement pour m’aider à la comprendre. J’ai beaucoup appris de mes précédentes interactions avec ma fille pour m’aider à mieux interagir dans l’avenir. Alors que je suis pour l’instant soulagé, je sais déjà que je devrais améliorer mes compétences pour les années d’adolescences qui viennent …

 

Exécution d’un changement : les 7 rôles du dirigeant

Lors d’un changement organisationnel, on parle souvent de l’importance de soutenir, de motiver et d’engager les employés afin de maximiser l’adoption et de réduire la résistance pour réussir le changement. Chacun joue son rôle dans l’organisation pour s’assurer de la réussite du changement et de l’adoption des employés : les dirigeants sont généralement à l’origine de la décision de mettre en place un changement organisationnel et doivent s’assurer de son exécution; le sponsor du projet doit légitimer et promouvoir le changement au sein de l’organisation; le gestionnaire de projet et son équipe s’assurent de mener à bien le projet en rencontrant les exigences, budgets et échéanciers; le gestionnaire de changement et son équipe planifient et préparent toutes les activités en soutien aux employés (communication, formation, mesure de l’impact, etc.); et enfin les cadres intermédiaires (« middle managers ») doivent soutenir leurs équipes en inspirant les bons comportements (Prosci, 2014).

Après avoir assisté en mai dernier à la conférence « Gérer le changement : qu’est-ce que ça prend », donnée par un panel de chefs d’entreprise dans le cadre du programme EMBA McGill – HEC Montréal, nous avons décidé de vous parler davantage du rôle que jouent les instigateurs du changement soit le rôle des dirigeants dans l’exécution du changement, à travers cet article.

 

Pourquoi est-ce que le rôle du dirigeant est central dans l’exécution du changement ?

Le dirigeant définit quelles seront la vision et la stratégie que son entreprise va prendre pour répondre aux besoins et défis actuels du marché, rencontrer les objectifs de performance financiers, ou encore prendre une nouvelle position face à la concurrence (Kotter, 1995). Bref, vous l’avez compris, c’est dans ce sens que l’on parle du dirigeant comme instigateur du changement, qui a pour but de sécuriser la longévité de l’entreprise. Cependant, il ne s’agit pas uniquement de l’avenir de l’entreprise, mais aussi des gens qui la constituent, il est donc primordial de gérer leurs attentes et leurs craintes pour s’assurer de leur adoption et maximiser les chances de réussite du changement organisationnel.

En quoi consiste le rôle du dirigeant dans l’exécution du changement ?

Le rôle du dirigeant n’est donc pas seulement d’élaborer une vision et une stratégie pour l’entreprise, mais également de les diffuser auprès des employés en utilisant plusieurs moyens :

  1. Créer un sentiment d’urgence

Le dirigeant doit s’assurer de faire comprendre aux employés que ce qui justifie le changement, c’est l’état de crise actuel afin de légitimer le fait de sortir les gens de leur zone de confort : « le statut quo doit sembler plus dangereux que le fait de se lancer vers l’inconnu », selon John P. Kotter, guru du changement organisationnel. Ainsi, créer un sentiment d’urgence justifiera le changement auprès des employés.

  1. Définir et communiquer la vision

Au début d’un changement, il y a une vision. Cette vision prend initialement forme dans la tête du dirigeant et représente une « image du futur » de ce que le changement doit être. Si cette vision n’est pas extériorisée et communiquée à tous les employés, elle restera dans la tête du dirigeant et ne pourra donc pas être exécutée par les employés. Ainsi la vision du changement (le « quoi ») ainsi que les raisons qui ont conduit à cette nouvelle vision (le « pourquoi ») et la stratégie pour y parvenir (le « comment ») doivent être documentées et communiquées à l’ensemble de l’entreprise pour s’assurer d’une vision uniforme et commune à tous. De plus, la façon dont la vision sera communiquée jouera un rôle clé dans l’adoption, la compréhension et l’atteinte de celle-ci. Ainsi, le dirigeant doit communiquer la vision avec clarté et authenticité s’il veut que les employés le suivent. Si la vision comprend des changements néfastes aux employés, comme des licenciements massifs, ceci doit être communiqué dès le début pour éviter de perdre la confiance des employés qui vont rester.

  1. Susciter l’engagement et encourager l’appropriation du changement

Afin de faciliter l’adoption et de susciter l’engagement des employés à la nouvelle vision, les dirigeants doivent bâtir une confiance avec les employés. Pour cela, les dirigeants doivent être empathiques, se rapprocher des gens et comprendre leur quotidien, valoriser leurs idées et les reconnaitre, montrer le bon exemple, encourager les bons comportements, et définir l’élément émotionnel rassembleur. En revanche, les dirigeants doivent éviter à tout prix les moyens coercitifs, comme par exemple, surveiller davantage les employés et les réprimander pour tout comportement indésirable, qui n’auront que l’effet inverse sur le résultat désiré.

  1. Soutenir les cadres intermédiaires (« middle managers »)

Le cadre intermédiaire est proche des employés. Il est donc plus susceptible d’avoir de l’influence au quotidien sur ces derniers, de leur inculquer les bons comportements, de répondre à leurs questions et de les soutenir dans la transition (Prosci, 2014). Ainsi, le dirigeant doit fournir aux cadres intermédiaires les bons outils pour pouvoir représenter et véhiculer la vision du changement.

  1. Rallier l’équipe de direction

L’équipe de direction doit se montrer soudée et convaincue du tournant que veut prendre l’entreprise et doit être alignée dans leur discours et leurs actions, autrement dit ils doivent parler le même langage auprès des employés. C’est dans ce sens que l’équipe de direction doit être ralliée. Si la décision quant à la mise en place du changement n’est pas acceptée par tous, elle risque d’être source d’incompréhension et de controverses pour les employés, ce qui va nuire à son adoption.

  1. Montrer les succès…et les échecs

Afin de motiver les gens à prendre part au changement, les dirigeants doivent montrer et communiquer les succès que le changement engendre. En effet, s’il existe une preuve concrète que le changement est bénéfique, les gens seront davantage convaincus. Cependant, il est tout aussi important de communiquer les échecs liés au changement, ce qui montrera la confiance que les dirigeants ont dans le changement, leur volonté de passer outre ces échecs et l’authenticité des dirigeants dans leurs communications et renforcera le sentiment de confiance des employés.

  1. Renforcer le changement

Finalement, le dirigeant doit promouvoir un changement de manière itérative et progressive afin de faciliter la transition pour les employés et d’incorporer au changement majeur les défis quotidiens, tout en établissant des échéances quant à la mise en place du changement pour ne pas que la vision se perde à travers le temps. En bref, il doit définir le rythme du changement et charger les cadres intermédiaires de prendre le pouls des employés, de les sonder pour adapter ce rythme en fonction de ces derniers.

 

Ces 7 rôles du dirigeant ne sont pas exhaustifs mais donnent un bon aperçu des meilleures pratiques des dirigeants lors de l’exécution d’un changement. Il faut cependant garder en tête qu’un comportement exemplaire des dirigeants, bien qu’important pour la réussite d’un changement, n’est pas le seul facteur de réussite. Dans la mise en place d’un changement, chaque rôle (mentionnés au début de notre article) apporte sa pierre à l’édifice. C’est donc la complémentarité et l’harmonisation de chacun des rôles organisationnels qui maximiseront les chances de réussite d’un changement.

 

Sources :

Conférence « Gérer le changement : qu’est-ce que ça prend », EMBA McGill – HEC Montréal, Mai 2016. https://www.embamcgillhec.ca/2016/09/01/quest-ce-que-ca-prend-pour-gerer-le-changement/

Kotter, J., P. (1995). « Leading Change: Why Transformation Efforts Fail ». Harvard Business Review.

Prosci (2014). « Roles in Change Management ». Best Practices in Change Management – Edition 2014. Récupéré de : https://www.prosci.com/resources/articles/change-management-roles

 

 

 

 

Champions, agents de changement, super utilisateurs… Quelle est la différence?

Qu’est-ce qu’un réseau de changement?

Avant de se lancer dans le vif du sujet, rappelons quelques bases. Qu’est-ce qu’un réseau de changement? Un réseau de changement est généralement composé de ressources de tous les niveaux de l’organisation venant des groupes ciblés par la transformation d’affaires ou le projet. Ces ressources jouent un rôle clé dans la démarche d’appropriation et d’adoption du changement auprès des employés.   Formaliser un réseau de changement permettra de:

  • Augmenter la visibilité et la compréhension du projet auprès des différentes parties prenantes;
  • Adresser de façon plus personnalisée l’implantation de la nouvelle technologie et des nouvelles façons de faire au sein des différentes équipes;
  • Renforcer le soutien localement;
  • Permettre une meilleure communication (des échanges) et obtenir de la rétroaction venant d’employés « vivant » le changement;
  • Réduire la résistance au changement en incitant les membres du réseau du changement à véhiculer une image positive du projet.

Concrètement, un réseau de changement peut ressembler à ceci:

Illustration Réseau de changement

Voici la définition ainsi que les responsabilités de chacun des rôles :

Parrain du changement

C’est celui qui a la légitimité et l’autorité pour mettre en place le changement. Le parrain doit promouvoir et soutenir le changement, affecte les ressources et débloque le budget nécessaire. La personne dans ce rôle :

  • Communique la vision et les objectifs du projet sur une base régulière;
  • Confirme le « case for change »;
  • Agit en tant que modèle au niveau des comportements à adopter dans la transformation d’affaires;
  • Surveille le progrès et l’avancement avec l’équipe de projet et le comité directeur;
  • Lance les communications clés.

Champions exécutifs

Les champions exécutifs comprennent tous les membres du comité directeur. Ils ont pour objectifs de représenter les différents groupes touchés et de donner leur perspective :

  • Aident à éliminer les obstacles et à régler les enjeux/risques au niveau des ressources, budgets, dépendances au projet, etc;
  • Assurent l’engagement organisationnel au projet;
  • Fournissent des conseils et une orientation à l’équipe de projet;
  • Agissent en tant que modèle au niveau des comportements à adopter dans la transformation d’affaires.

Parrains locaux

Il s’agit d’individus qui peuvent favoriser le changement à niveau local. Ce rôle est souvent occupé par des directeurs :

  • Communiquent la vision et les objectifs du projet sur une base régulière;
  • Agissent en tant que modèle au niveau des comportements à adopter dans la transformation d’affaires;
  • N’hésitent pas à poser des questions si certains aspects de la transformation ne sont pas claires;
  • Prennent le temps d’écouter leurs employés et de remonter les commentaires à l’équipe de projet.

Champions

C’est la personne qui perçoit le changement de façon positive et qui soutiendra ses collègues dans cette transformation :

  • Fournissent un soutien aux utilisateurs finaux sur la façon d’utiliser les fonctionnalités du nouveau système et des nouvelles façons de faire;
  • Contribuent à garantir que les messages du projet soient correctement communiquées;
  • Participent à fournir une rétroaction au projet.

« Power Users »

Il s’agit des personnes qui connaissent bien le système actuel et qui ont une capacité d’apprendre rapidement le nouveau système :

  • Travaillent avec l’équipe de processus pour comprendre le nouveau système et l’application;
  • Participent aux activités d’essais incluant le « user acceptance testing »;
  • Participent au développement du matériel de formation;
  • Donnent la formation des utilisateurs finaux;
  • Soutiennent les utilisateurs finaux.

Coordonnateur local de déploiement

C’est la personne qui perçoit le changement positivement et qui contribue au déploiement du système et de ses mises à jour futures :

  • Coordonne les activités de pré-déploiement et post-déploiement au sein de sa région ou groupe (à l’exception de la formation);
  • Est impliqué sur une base régulière dans la compréhension du projet, les capacités du système, ses avantages et ses limites;
  • Observe et évalue la situation locale, diagnostique les problèmes, et les remonte à l’équipe de projet.

Coordonnateur local de la formation

Fait partie intégrante de la réalisation des activités de formation du projet. Il a pour responsabilités :

  • Bâtir et gérer le calendrier local de formation;
  • Identifier les prérequis et les besoins de formation spécifique à sa région ou groupe;
  • Réserver les salles de formation et s’assurer d’avoir un projecteur, une connexion réseau, des blocs-notes, lunch (s’il y a lieu), etc;
  • Communiquer le calendrier de formation;
  • Surveiller les présences (et absences) aux formations ainsi que les résultats des évaluations (s’il y a lieu);
  • Gérer toute la logistique de la formation: salles de classe, les invitations de formation, les rappels, la reproduction de matériel de cours.