Alors que les marchés internationaux accélèrent leur transition vers des modèles d’affaires numériques et optimisés, la Belle Province peine à suivre. Un article récent de La Presse révélait que la productivité québécoise stagne depuis plusieurs trimestres, tandis que des économies comparables enregistrent des hausses de 15 % et plus. Cette tendance soulève une question fondamentale : comment le Québec peut-il reprendre son élan et se positionner comme un acteur de premier plan dans l’économie mondiale ?

Comprendre la productivité : un moteur complexe et stratégique

La productivité mesure l’efficacité avec laquelle une organisation transforme ses ressources (capital, travail, technologies) en biens et services. Elle s’exprime généralement sous forme de ratio entre la production réalisée et les ressources mobilisées. Selon l’OCDE, les économies qui affichent les meilleurs taux de productivité sont celles qui innovent constamment et adaptent leurs processus pour répondre aux nouvelles exigences du marché.

Plus concrètement, on distingue plusieurs types de productivité :

  • Productivité du travail : production par heure travaillée ou par employé.
  • Productivité du capital : rendement obtenu par unité de capital investi.
  • Productivité multifactorielle : évalue l’efficacité globale d’une organisation en intégrant simultanément plusieurs intrants.

Le paradoxe québécois : une inertie dans un environnement propice

Le Québec dispose d’atouts indéniables : énergie hydroélectrique abondante, institutions de recherche de haut niveau et savoir-faire industriel reconnu. Pourtant, l’investissement en recherche et développement reste inférieur à celui d’autres régions comparables. Cette réticence s’explique en partie par une perception erronée de la transformation numérique, perçue comme coûteuse et complexe.

Les leviers de la transformation numérique pour stimuler la productivité

La transformation numérique est aujourd’hui le principal vecteur d’amélioration de la productivité, et ce, dans toutes les industries. Que ce soit dans la fabrication, les services, la santé ou le commerce, les technologies numériques transforment les processus traditionnels et ouvrent de nouvelles opportunités.

  • Automatisation des processus : L’automatisation robotisée des processus (RPA) permet d’éliminer les tâches répétitives et d’améliorer la précision et la rapidité des opérations. Selon Forrester, les entreprises ayant adopté cette technologie ont observé une hausse moyenne de 30 % de leur productivité.
  • Intelligence artificielle et analyse prédictive : L’IA optimise la gestion des ressources, anticipe les besoins et personnalise les services. Par exemple, les algorithmes de maintenance prédictive réduisent les temps d’arrêt dans les usines en prévoyant les défaillances avant qu’elles ne surviennent.
  • Interopérabilité des systèmes : Connecter les différentes applications et bases de données permet d’améliorer la circulation de l’information et d’accélérer la prise de décision.
  • Optimisation de la chaîne d’approvisionnement : Les outils numériques facilitent la traçabilité et la gestion en temps réel des stocks, réduisant ainsi les coûts et les pertes.

Prioriser pour mieux transformer

Dans un contexte de stagnation de la productivité, les entreprises doivent éviter de s’éparpiller et concentrer leurs efforts sur les processus les plus porteurs. Une vision stratégique et une analyse rigoureuse permettent d’identifier ces leviers de croissance et de maximiser les résultats.

« Ce qui est important, c’est d’être en mesure de prioriser les différents processus. Il faut que les organisations se donnent le temps de faire un rapide diagnostic, d’identifier quelles sont les zones où elles peuvent avoir le plus d’impact dans le processus et les attaquer les uns après les autres. » — Olivier Laquinte, président de Talsom.

Défis et résistances : comment les surmonter

Si la transformation numérique offre des opportunités indéniables, elle comporte également des défis. Le premier est la résistance au changement. Récemment, plusieurs PME québécoises ont exprimé leurs difficultés à s’adapter, notamment en raison des investissements nécessaires pour développer de nouvelles compétences et intégrer efficacement les technologies numériques.

Pistes d’action :

  • Communiquer de manière transparente et régulière sur les objectifs et les avantages de la transformation.
  • Impliquer les employés dans les différentes phases du projet pour favoriser leur adhésion.
  • Former et accompagner les équipes pour renforcer leurs compétences numériques.

Exemple concret : Une entreprise québécoise spécialisée dans la transformation alimentaire a réduit ses pertes de 22 % en adoptant un système de gestion intégrée (ERP) et en sensibilisant ses employés à l’importance de la précision des données.

Anticiper les transformations de demain

La productivité de demain s’appuiera sur des pratiques agiles et des technologies évolutives. L’IA, la robotisation et les plateformes collaboratives redéfiniront les modes de travail. Les entreprises québécoises doivent anticiper ces changements et les intégrer dans leurs stratégies à long terme.

Le Québec doit également s’inspirer des meilleures pratiques internationales. L’exemple du Danemark est particulièrement instructif : ce pays, qui fait partie des leaders mondiaux en productivité, a adopté une approche holistique de la transformation numérique.

Dès le début des années 2000, le gouvernement danois a investi massivement dans des infrastructures numériques et mis en place des politiques incitatives pour encourager les entreprises, notamment manufacturières, à intégrer des technologies avancées. Le déploiement d’un réseau national de fibre optique, l’adoption précoce de systèmes d’automatisation et le soutien financier pour les PME ont été des éléments déterminants.

Parallèlement, le Danemark a instauré des programmes de formation continue pour requalifier la main-d’œuvre et lui permettre de maîtriser les nouvelles compétences requises. Le résultat : une productivité industrielle en hausse de 18 % en dix ans et une position renforcée sur les marchés internationaux, notamment dans les secteurs pharmaceutique, de l’énergie éolienne et de l’agroalimentaire.

Cette stratégie prouve qu’une transformation numérique réussie repose sur un équilibre entre modernisation technologique, accompagnement des équipes et vision à long terme. Le Québec peut tirer des leçons de cette expérience et adapter ces pratiques à sa réalité industrielle.

Une vision holistique pour une productivité durable

Enfin, la résilience économique passe par une vision globale, intégrant non seulement des considérations technologiques, mais également sociales et environnementales. Les principes ESG, de plus en plus intégrés dans les stratégies d’entreprise, offrent un cadre pertinent pour assurer une croissance responsable et durable.

Le Québec a les ressources nécessaires pour réussir cette transformation. En adoptant une vision proactive, en investissant dans les compétences et en favorisant une culture d’innovation, il pourra non seulement rattraper son retard, mais également devenir un modèle d’économie performante et résiliente à l’échelle internationale.

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