Industrie

L’innovation agroalimentaire pour une main-d’œuvre durable

Les dernières années pandémiques ont impacté l’ensemble de l’économie mondiale, redéfinissant la façon de travailler pour tous. L’industrie agroalimentaire n’a pas été épargnée par cette crise : les besoins de main-d’œuvre en présentiel constituent un obstacle majeur pour le développement économique du secteur manufacturier, lequel est requis devant la demande agricole en augmentation de 50% d’ici 2030 selon le Rapport provisoire du secteur agroalimentaire 

Les conséquences du manque de main-d’œuvre sont importantes : selon un sondage des Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) 98,5% des entreprises manufacturières sondées ont besoin de main-d’œuvre et 49% ont dû refuser des contrats ou payer des pénalités de retard dans leur production.  

Le niveau de diplomation post-secondaire des individus de 25 à 44 ans au Québec a progressé de 42% à 80% entre 1990 et 2020, ainsi assurer la succession des employés de forte expérience pour des emplois requérant peu de qualifications devient de plus en plus complexe.  

Les pressions du marché créent un besoin de nouvelles solutions pour faire progresser la compétitivité de l’industrie agroalimentaire. 

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Des solutions insuffisantes pour la pérennité du secteur 

Lorsqu’il manque de main-d’œuvre, il est justifié de vouloir engager plus de travailleurs. Cependant le secteur agroalimentaire souffre d’une faible désirabilité pour des jeunes de plus en plus diplômés. Étant donné que les emplois en pénurie de main-d’œuvre ne requièrent pas ce niveau de qualification, l’issue en apparence plus sûre est d’engager de la main-d’œuvre temporaire immigrante. Ces personnes sont qualifiées, nombreuses et souhaitent travailler au Canada. Toutefois, d’une part l’arrivée des travailleurs est ralentie par les mesures sanitaires et d’autre part, malgré une planification d’amélioration de l’accès à la résidence permanente pour 2022-2023, le partage de la compétence Immigration entre le fédéral et les provinces rend incertaine l’arrivée massive de travailleurs étrangers.  

En ce qui a trait à la rétention de la main-d’œuvre, il est envisagé de proposer de meilleurs salaires, d’augmenter les bénéfices et de favoriser les horaires flexibles. Bien que ces moyens permettent de maintenir sa main-d’œuvre et d’être compétitif, les pertes déjà accusées rendent ces solutions effectives qu’à court terme.  

L’épicentre du problème demeure non adressé : les conditions de travail difficiles. Plutôt que d’essayer d’influencer un calcul coûts-bénéfices favorable à l’agroalimentaire pour les potentiels employés, pourquoi ne pas transférer le fardeau de ces conditions difficiles sur la technologie? Celle-ci ne se soucie pas de ces conditions ardues et est plus rapide et précise que l’humain dans bien des tâches. La transformation numérique pourrait donc amoindrir la forte dépendance à la main-d’œuvre des entreprises et redonner des emplois à valeur ajoutée pour les individus. C’est cette réflexion que l’industrie semble avoir amorcée : 55% des entreprises du secteur manufacturier québécois croient que les technologies émergentes 4.0 peuvent aider à la rareté de main-d’œuvre selon un sondage Léger pour Économie et Innovation Québec (EIQ).  

Non seulement la technologie pourrait résoudre la raréfaction de la main-d’œuvre dans l’industrie agroalimentaire, mais elle pourrait également propulser sa productivité et sa compétitivité.  

La technologie comme vecteur de compétitivité 

L’impact attendu à long terme des technologies 4.0 s’accompagne d’un désir d’augmentation de l’utilisation du numérique dans les processus de production (64%) et de gestion (60%) par les entreprises sondées. Les initiatives de transformation numérique suscitent donc des investissements de la part de la majorité des entreprises manufacturières au Québec, y compris en agroalimentaire.  

Quoique le rôle de l’humain dans l’agroalimentaire soit indispensable, l’Intelligence Artificielle (IA) et l’automatisation de la production ont leur lot de possibilités pour accompagner les employés dans les opérations de votre entreprise. Ces deux innovations sont complémentaires pour simuler le comportement humain pour des tâches qui sont répétitives et exténuantes pour l’humain tout en réduisant les pannes de 70% selon Conure. La productivité s’en trouve bonifiée considérablement.  

L’internet des Objets (IoT) est un réseau d’objets connectés qui partagent leurs données par l’intermédiaire d’une plateforme Cloud, sans intervention humaine. Le secteur agroalimentaire est un environnement de choix pour son implémentation. L’IoT permet effectivement d’optimiser le partage des données en plus de rendre l’espace de travail plus sécuritaire grâce à des montres ou des casques connectés. D’autant plus, les capteur IoT facilitent les inspections et optimisent le fonctionnement des machines via la maintenance prédictive. Par conséquent, les employés peuvent se concentrer sur des tâches à valeur ajoutée plutôt que sur l’état des machines. L’IoT représente donc une solution technologique innovante parmi plusieurs autres pour contourner la pénurie de main-d’œuvre en agroalimentaire.  

La transformation numérique ne se limite donc pas à la production. Une grande gamme d’algorithmes assistent les opérations aux niveaux de la gestion d’entreprise, de la conception de produits, de l’approvisionnement et de la logistique. Cela comprend des systèmes de gestion intégrée de type ERP, lesquels sont utilisés par 58% des entreprises sondées par EIQ, des applications numériques de type conception assistée par ordinateur (52%), des systèmes de gestion de la chaîne logistique (37%), des systèmes de gestion d’entrepôts (28%).  

L’étendue de l’intégration des technologies avancées dans toute la chaîne de valeur d’une entreprise permet d’abord de répondre aux problèmes tels que la pénurie de main-d’œuvre, puis d’instaurer une culture d’innovation qui permet une plus grande compétitivité et une résilience des affaires. L’intégration des technologies avancées sur l’ensemble de la chaine de valeur génère des bénéfices considérables pour l’organisation :  

  • 90% d’augmentation de la productivité 
  • 100% d’amélioration de la vitesse de mise en marché 
  • 50% de gains d’efficacité énergétique 

Ainsi, si la transformation numérique en agroalimentaire gagne en popularité, c’est parce qu’elle apporte des résultats concrets tant pour la pénurie de main-d’œuvre que l’efficacité de la production. 

Le cas de Patates Dolbec, lauréat OCTAS en innovation 

Patates Dolbec est un chef de file québécois de la pomme de terre et désormais leader en innovation technologique agroalimentaire. Pour son intégration de l’intelligence artificielle dans le contrôle de qualité de ses produits, l’entreprise s’est mérité le prix OCTAS pour innovation et rupture. Avec un investissement de 12 millions $ pour une nouvelle usine dans laquelle le contrôle de qualité est assuré par l’IA, Patates Dolbec aide ses travailleurs à se concentrer sur les tâches à valeur ajoutée. D’autant plus, l’entreprise s’est modernisée pour se libérer des conséquences de la pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie agroalimentaire. 

L’intégration de l’IA dans le contrôle de qualité représente, certes, une valeur ajoutée à la main-d’œuvre existante, elle a aussi nettement amélioré l’efficacité de l’entreprise. Précisément, elle est passée d’un taux d’erreur de 30% avec la machine de tri optique à 5% avec l’IA, donc un gain de 25% en efficacité. Cet investissement a permis d’éviter des pertes importantes en pommes de terre et en revenus tout en revigorant sa main-d’œuvre. 

La transformation numérique de Patates Dolbec a nécessité l’informatisation de tout ce qui était possible d’informatiser de telle sorte que les processus soient simplifiés.  

L’automatisation, la numérisation et l’adoption d’autres technologies sont devenues des conditions à la compétitivité de l’industrie agroalimentaire canadienne.  

Bien s’entourer dans la transformation numérique 

La transformation du secteur agroalimentaire vers plus de technologies est essentielle pour survivre aux perturbations sans précédent de l’industrie. Beaucoup d’entreprises comme Patates Dolbec y dédient déjà des ressources humaines et financières afin d’assurer leur pérennité. 

Le parcours transformationnel est une transformation effectuée de manière transversale, à travers une équipe multidisciplinaire. Il ne s’agit plus ici de procéder à une transformation séquentielle où chaque expertise se succède, mais plutôt d’approcher la transformation de manière systémique afin d’utiliser conjointement toutes les expertises et d’offrir un service-conseil à haute valeur ajoutée. 

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Publié le 17.11.2022