Démystifier les termes entourant l’ESG  

Le développement durable, un terme abordé pour la première fois dans les années 1980, au sein du rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU, pose les bases pour les actions environnementales futures. Il se définit comme : « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. » Au départ, le développement durable ne concernait que la préservation de la planète. La définition a par la suite évolué pour inclure des dimensions environnementales, sociales et économiques.  

Dans un contexte organisationnel et commercial, le développement durable est généralement relié au concept de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). Un terme grandement employé dans les années 1990, la RSE peut être vue comme la contribution des entreprises au développement durable. L’essor de la RSE peut être, en grande partie, expliqué par l’émergence des problématiques environnementales et sociales devenant de plus en plus prenantes au sein de nos sociétés actuelles. En plus de la multiplication des catastrophes naturelles et du réchauffement climatique, plusieurs populations se retrouvent dans des situations précaires. Selon un rapport de la banque mondiale, environ « 143 millions de personnes pourraient se retrouver sur les routes en raison des changements climatiques », notamment en raison de la pénurie d’eau, les mauvaises récoltes, les inondations, etc. La dernière décennie a également permis la prise de conscience concernant certains enjeux, notamment grâce à des mouvements sociétaux tels que Black Lives Matter et #MeToo. Ainsi, se positionnant comme un mode de gouvernance, la RSE est un critère d’investissement majeur. Le concept, souvent représenté par la notion de Triple Bottom Line (TPL), demande aux entreprises de non seulement se préoccuper de leur performance financière, mais également de leurs impacts environnementaux et sociaux. Le Triple Bottom Line (TPL) stipule qu’une entreprise ne devrait pas uniquement se pencher sur un seul objectif de croissance, mais plutôt sur 3 ; le profit, les personnes et la planète.  

Mais comment se situent les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) par rapport à ces concepts ? Souvent interchangeables et confondus, la RSE et l’ESG sont des termes qui se complètent. L’ESG est l’acronyme qui fait référence à des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance et est une mesure de l’engagement responsable des entreprises. Autrement dit, « l‘environnement, le social et la gouvernance (ESG) sont un ensemble de mesures et de principes permettant d’évaluer les données relatives à la performance non financière des entreprises. » Ainsi, ces critères (ESG) permettent d’évaluer le niveau de responsabilité sociale d’une entreprise dans le but d’atteindre des objectifs de développement durable.  

Les critères ESG  

Bien que l’ESG soit un sujet qui revête une importance marquée, ses critères ne sont pas toujours bien compris et sont souvent perçus comme étant divergents. Effectivement, même parmi les experts, les considérations relatives aux facteurs ESG peuvent varier, ce qui rend encore plus difficile l’évaluation de la performance à ces critères. Voyons quelques éléments actuellement au cœur des critères ESG.  

E pour environnement

La dimension environnementale concerne en grande partie les sujets tels que la décarbonisation, la pollution, la biodiversité et les ressources naturelles. Il y a un consensus pour dire que le critère environnemental est prioritaire dans la prise de décisions des entreprises. Il s’agit, entre autres, du facteur où les investissements augmentent le plus. Les entreprises ressentent l’urgence liée aux changements climatiques et plusieurs ont déjà des objectifs de carboneutralité (ex. Formule 1) pour les années à venir. Ces objectifs ont toutefois des programmes qui s’attardent majoritairement aux Scope 1 et 2 (émissions directes et indirectes), alors que ceux-ci devraient se tourner davantage vers le Scope 3 (émissions reliées indirectement aux activités d’une entreprise), qui produirait actuellement jusqu’à 50% des émissions totales d’une entreprise.

S pour social

Le critère social porte sur les questions de diversité, d’inclusion, de santé, de sécurité, de droits humains, etc. On observe, par exemple, des entreprises qui incluent de plus en plus de dimensions de la diversité (ex. sexe, minorités visibles, peuples autochtones, personnes handicapées, militaires, et LGBTQ2S) à leurs objectifs de représentation interne. Il est possible de constater aussi que les questions de diversité et d’inclusion vont désormais plus loin, en considérant, par exemple, la neurodiversité et l’inclusion digitale.

G pour gouvernance

Finalement, le concept de gouvernance fait référence à la structure organisationnelle, à la gestion de risque, aux questions éthiques, etc. Plus spécifiquement, le mode de gouvernance permet l’atteinte d’objectifs environnementaux et sociaux spécifiques. Il est pourtant démontré qu’il s’agit du critère le moins adressé parmi les dimensions ESG. Selon une récente étude canadienne, 64 % des entreprises déclarent que les questions ESG sont liées à la stratégie de leur entreprise, mais seulement 25% affirment que leur conseil d’administration comprend très bien les risques. Lorsqu’on y pense bien, les chances d’atteindre des objectifs environnementaux et sociaux sont faibles si les entreprises n’établissent pas de bonnes pratiques de gouvernance. Il devient alors pertinent de développer une bonne compréhension et expertise sur le sujet pour que les actions et impacts se reflètent dans l’ensemble des activités d’une entreprise.

Pourquoi la croissance de l’ESG s’accélère-t-elle ?  

Une des raisons principales de l’adoption massive d’une approche ESG est l’ensemble des pressions exercées sur les entreprises. Selon un rapport de Gartner, les clients (63%), les investisseurs (48%) et les régulateurs (46%) sont les trois principales parties prenantes qui poussent les entreprises à agir en matière de durabilité. Ces derniers sont, pour leur part, fortement influencés par les perturbations et défis mondiaux.  

Pensons tout d’abord aux répercussions liées à la pandémie mondiale, qui a joué un grand rôle dans l’accélération des critères ESG en entreprise. En effet, la COVID-19 et ses conséquences sont venues amplifier l’importance pour les investisseurs de considérer les problématiques reliées aux critères ESG (spécifiquement la composante sociale). La pandémie a confronté les entreprises à de nouveaux défis sociaux et de gouvernance. Elle a exacerbé certains enjeux sociétaux déjà existants, poussant encore plus les entreprises à prendre les devants sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance.  

La nouvelle vague de jeunes investisseurs peut aussi contribuer à la croissance des dimensions ESG en entreprise, en apportant de toutes nouvelles valeurs. D’ailleurs, selon une étude réalisée auprès d’investisseurs, 80 % affirment considérer les enjeux ESG comme un facteur important dans leurs décisions de placement. On parle dans ce cas-ci d’investissement responsable (IR), qui se définit comme « une approche d’investissement incluant les critères ESG dans la sélection et la gestion des placements et des investissements ».  

Les dimensions ESG s’accélèrent également en raison des normes et des règlementations plus strictes, d’autant plus en matières environnementales (COP26, normes internationales ISO, plans gouvernementaux, etc.), qui exigeront de la part des entreprises qu’elles publient des informations ESG plus crédibles. On peut notamment penser à la création de l’International Sustainability Standards Board (ISSB), développé dans le cadre de la COP26, qui permet l’établissement de normes ESG claires concernant la divulgation financière environnementale à l’échelle mondiale. Il existe également des organismes tiers (S&P Global, MSCI et Refinity), ayant mis au point une mesure de l’évaluation de la performance ESG.  

Des principes au cœur de la mission d’entreprise  

Il est donc envisageable, au cours des prochaines années, d’observer une forte augmentation de la considération des approches ESG. Que ce soit pour attirer davantage d’investisseurs, satisfaire les demandes des parties prenantes et/ou avoir un impact sociétal positif, l’ESG sera en tête des priorités organisationnelles. Toutefois, avec la montée des données ESG publiées dans les rapports des entreprises et les pressions qui s’intensifient, il y a un risque d’écoblanchiment. En effet, certains craignent que des entreprises projettent une image trompeuse pour bénéficier des avantages reliés à une pratique RSE. Ainsi, les critères ESG divulgués par les entreprises se doivent de refléter de réels actions et changements. Pour ce faire, les principes ESG doivent être le fondement même de leur mission.  

Pour en apprendre davantage, consultez le Radar technologique 2023.