Industrie

Le développement durable : la clé de la croissance agroalimentaire

La crise sanitaire a mis en lumière des problèmes de durabilité auxquels fait face l’industrie agroalimentaire. Alors que la demande des consommateurs est toujours croissante, la chaîne d’approvisionnement a besoin de s’adapter à son nouveau contexte en plus de devenir davantage productive. Or, la contrainte économique n’est pas seule : les consommateurs appellent à la responsabilité de la production de sorte que l’industrie alimentaire soit pérenne. Par conséquent, la considération de critères ESG tels que les enjeux écologiques, la traçabilité des produits et la circularité de l’économie ont gagné en popularité.   

Les incitatifs pour transformer le secteur agroalimentaire en une industrie durable sont donc nombreux. D’une part, la détérioration des ressources naturelles et l’urbanisation croissante signifient une demande toujours supérieure à pourvoir et ce, avec des ressources d’eau, de terres agricoles et de main-d’œuvre rurale en diminution. D’autre part, l’état de la malnutrition dans le monde n’est pas encourageant : 690 millions de personnes dans le monde étaient mal nourries en 2019 selon le Rapport de l’ONU. Cette situation appelle à une gestion des ressources agroalimentaires qui assurera la pérennité du secteur. 

Ce sont 750 milliards de dollars qui sont gaspillés annuellement dans le monde, soit le tiers de la production. Pour l’industrie agroalimentaire canadienne, cela se traduit en 43kg de nourriture perdue par habitant par année en raison des activités de transformation selon la Commission de coopération environnementale (CCE). Les coûts engendrés par ces pertes comprennent l’investissement dans les matières premières et l’emballage, mais aussi les coûts en énergie, en eau, en main-d’œuvre et les coûts d’élimination.  

Le développement de l’indice de durabilité agroalimentaire canadien n’est qu’un exemple parmi tant d’autres du statut prioritaire de la durabilité environnementale pour l’industrie agroalimentaire au Canada. Cibler les pertes alimentaires constitue donc un élément clé de la stratégie pour arriver à une production responsable. Réduire les déchets alimentaires mènerait à la réduction d’émissions de GES, à une réduction des pressions sur les ressources énergétiques, d’eau et de sols, à une augmentation de la productivité, de l’efficacité et de la compétitivité et à la croissance économique du secteur. Cet ensemble d’impacts justifie la recherche de solutions durables. 

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Mesurer l’ensemble des émissions pour une chaine de valeur durable 

Les pertes alimentaires sont définies comme étant la diminution de la quantité ou de la qualité des aliments due aux mesures prises dans les processus de production et de transformation des aliments.  En 2017, au Canada, 1% des sucres et des sirops et 10% des produits alimentaires, de la viande et des grandes cultures qui entraient dans les installations à ces étapes devenaient des pertes alimentaires évitables. 

Les solutions actuelles pour les pertes alimentaires issues du secteur manufacturier peuvent être hiérarchisées selon leur durabilité environnementale. L’envoi des déchets à des sites d’enfouissement est la solution la moins privilégiée par Environnement et Changement climatique Canada (ECC) puisqu’il affecte considérablement les émissions de GES de niveau 3 compte tenu des émissions de méthane que génèrent l’élimination des déchets à la décharge, sans compter les frais de mise en décharge que cette pratique implique. 

Le recyclage constitue une approche plus durable, mais toujours non-optimale. Parmi les initiatives existantes, il est possible de synthétiser des ingrédients dans la fabrication de produits pharmaceutiques, cosmétiques ou fertilisants. La production de biocarburant et autres bioproduits est aussi courante, tout comme le compost. Ces mesures de recyclage des déchets alimentaires limitent donc les émissions de GES liées à l’élimination. 

La récupération des pertes alimentaires pour les dons et la fabrication de sous-produits et nourriture pour animaux a un impact similaire. Les émissions de GES de niveau 3 liées aux sites d’enfouissement sont encore réduites et cette fois-ci, la malnutrition est directement adressée. Cependant, comme le recyclage, ces solutions ne sont pas optimales d’un point de vue de durabilité environnementale, car les causes de la production de déchets ne sont pas remises en question.  

D’après le bilan des activités 2019 d’ECC, les sources des pertes alimentaires en transformation et emballage sont nombreuses et varient selon les produits alimentaires et les types de transformation. Celles-ci incluent des dommages lors de la production, des prévisions inexactes de l’offre et de la demande, des défaillances des procédés et de l’équipement, un tri des produits qui ne satisfont pas les normes, etc.   

La technologie numérique représente une approche durable qui vise à répondre à ces causes et ainsi réduire les pressions sur la production agroalimentaire et fait progresser la compétitivité du secteur.  

Le numérique pour lier durabilité et compétitivité 

Les possibilités d’intégration de technologies numériques se situent à toutes les étapes de la chaîne d’approvisionnement, de la production à la consommation. Le Forum économique mondial a publié un rapport abordant des technologies transformatrices de l’industrie des aliments et des boissons à des fins de durabilité, d’inclusivité, de productivité et de sécurité alimentaire. Le plus grand défi dans l’agroalimentaire étant la diffusion de données obtenues de façon plus fiable, c’est ce que le numérique adresse. 

Les technologies de détection des aliments sont nombreuses et en plein essor. Grâce à des capteurs hyperspectraux et proche-infrarouges, il est possible d’analyser la nourriture de façon non-intrusive pour en déterminer la fraicheur et la périssabilité. Adopter ce genre de technologies de façon massive pourrait permettre de réduire de 10 à 20 millions de tonnes la nourriture gaspillée selon le Forum économique mondial. L’imagerie hyperspectrale permet également d’identifier la présence d’agents pathogènes, prévenant ainsi de coûteux rappels de produits.  

L’Internet des Objets (IoT) représente une opportunité pour mieux accorder l’offre avec la demande. Avec l’IoT, il est possible de suivre le cheminent des produits dans la chaîne d’approvisionnement et de gérer leur environnement (température, humidité, etc.). La valeur nutritionnelle, la provenance et l’impact environnemental d’un produit seraient disponibles. Si l’IoT était implanté dans 50 à 75% des chaînes d’approvisionnement des pays développés d’ici 2030, il y aurait 10 à 50 millions de tonnes de nourriture perdue dans la distribution en moins selon le Forum économique mondial.   

La chaîne de bloc est intrinsèquement liée à l’IoT puisqu’elle permet de suivre le cheminement des produits à travers la chaîne d’approvisionnement. En effet, plutôt que de suivre le cheminement des lots de fabrication, la chaîne bloc suit les produits individuels, ce qui réduit, tout comme l’IoT, les rappels et les pertes. D’autant plus, similairement aux technologies de détection des aliments, la chaîne de bloc fournit les dates de péremption pour les produits individuels. Ainsi, si elle surveillait 50% des chaînes d’approvisionnement mondiales, les gains en efficacité pourraient mener à une réduction de 10 à 30 millions de tonnes de nourriture perdue mondialement.   

L’innovation agroalimentaire pour la réduction des pertes alimentaires représente, certes, un défi, mais l’engagement dans le secteur est important. Plusieurs entreprises multinationales (Les aliments Maple Leaf, McCain, Kraft Heinz Canada, Unilever Canada, General Mills, Nestlé et Kellogg’s) du secteur au Canada se sont engagées à réduire les pertes et le gaspillage alimentaires. Les investissements et les innovations qui en découlent permettent à l’industrie agroalimentaire canadienne de demeurer compétitive de façon durable.  

Le cas McCain : chef de file en durabilité alimentaire 

Parmi les entreprises engagées à réduire les pertes et le gaspillage alimentaire, McCain constitue un excellent exemple d’avant-gardisme dans l’intégration des technologies numériques dans l’industrie agroalimentaire. En tant que membre de la Coalition d’action contre le gaspillage alimentaire, McCain a pris part à l’Initiative 10x20x30 dont l’objectif est de réduire de moitié ses pertes alimentaires d’ici 2030. Parmi ses actions importantes dans la poursuite de cet objectif, l’entreprise a acquis le portefeuille d’intelligence prédictive des cultures de Resson, une entreprise de technologie analytique qui améliore l’efficacité agricole.  

Cette collaboration a contribué au développement des algorithmes de prédiction des rendements agricoles en fonction de l’évaluation des champs de pommes de terre et du développement des cultures grâce aux technologies de détection d’aliments discutés plus haut.  

Cette nouvelle équipe travaillera avec divers transformateurs alimentaires et agriculteurs, un autre signe de développements importants pour le numérique dans l’industrie des aliments et de la boisson, lesquels mèneront à des réductions importantes des émissions de GES de niveaux 1, 2 et 3 et à une amélioration de la productivité à travers toute la chaîne d’approvisionnement. 

Bâtir vers une industrie agroalimentaire durable 

La transformation du secteur agroalimentaire vers plus de technologies numériques fait partie d’une stratégie durable pour répondre à la demande toujours croissante ainsi qu’aux effets des pertes alimentaires sur l’environnement. McCain, comme plusieurs autres entreprises, contribuent au développement des technologies numériques visant à réduire le gaspillage en y consacrant des ressources humaines et financières. 

Le parcours transformationnel est un processus qui profite d’une expertise transversale et multidisciplinaire. Bien que le processus soit exigeant, le recours à la pluralité des expertises tout au long de la transformation au lieu d’une démarche cartésienne qui fragmente ces diverses expertises contribue à offrir un service-conseil à haute valeur ajoutée. 

 

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Publié le 17.11.2022