Olympiques riment-t-il avec Numérique?

Le domaine de la transformation numérique est souvent appliqué au niveau des entreprises, mais il influence aussi la majeure partie de notre société civile. Un regard ici quelque peu ludique, porté sur les Jeux Olympiques. 

Un article de Stéphane Ricoul, Directeur exécutif 

 

On est en 2010. Ce sont les Jeux Olympiques d’hiver à Vancouver. 

Selon le magazine Direction Informatique du 3 mars 2010, sous la plume de Jean-François Ferland, ce sont 3 milliards de téléspectateurs qui, à l’échelle planétaire, ont profité de 24 000 heures de couverture. Une hausse de 50% en regard aux Jeux Olympiques d’Italie en 2006, et de 25% par rapport à ceux de Pékin en 2008. Et ce sont 4,9 milliards d’octets de données qui auraient été transmis vers le réseau Internet, 30 millions de mégaoctets de données transmises vers des appareils mobiles, 1,1 milliard de pages Web consultées par quelque 300 millions d’internautes du monde entier, et enfin plus de 133 000 vidéos visionnées en ligne en simultané durant la cérémonie de clôture. 

À titre de comparaison, les derniers Jeux Olympiques de Tokyo, ceux de 2020 (ayant eu lieu en 2021 faute à certain virus appelé Covid) ont obtenu la plus faible audience télévisuelle depuis 1988, mais ont été sauvés par les plateformes de streaming qui se sont fait compétition pour attirer l’attention des téléspectateurs. NBC Sports a d’ailleurs déclaré que les consommateurs avaient diffusé 1 milliard de minutes de programmation olympique sur Peacock, l’application NBC Olympics et NBC Sports. À comparer aux 24 000 heures (soit 1 440 000 minutes) de contenu télé en 2010. Autres statistiques intéressantes qui nous sont fournies par Semrush, les comptes officiels des JO sur les réseaux sociaux ont eu un beau succès avec 1.1M de followers sur Instagram, 1.05M sur Facebook, 503k sur Twitter, 133k sur Youtube, et petit nouveau-né d’alors, 72k sur TikTok. Un portrait qui risque fort de changer pour 2022. Mais le grand gagnant des Olympiques 2021 fut Amazon, avec quelques augmentations fulgurantes de certaines recherches durant les mois Olympiques. +1 071 775 % pour les chaussures femme de tennis, ou encore + 1 400 % pour les crampons de football, ou un petit +770 % pour les tapis de gymnastique. 

Cependant, ce sont les Jeux Olympiques d’hiver de Turin (2006) qui sont reconnus comme étant les premiers « Jeux numériques » de l’histoire. À l’époque, un tiers des opérateurs auraient diffusé des images en exploitant l’Internet à large bande et la téléphonie mobile, le tout en haute définition s’il vous plait, pour un total de 13 520 heures d’images (soit 811 200 minutes pour conserver notre mesure comparative). Ce saut technologique de l’époque était rendu possible par le fait qu’entre les JO d’Athènes en 2004 et ceux de 2006, c’était 5 fois plus de pays qui étaient en mesure d’assurer une diffusion sur Internet. 

Retour à aujourd’hui. Nous sommes en 2022 et nous nous transportons virtuellement vers Pékin. Les enjeux de transmission sur Internet ou réseau mobile ne sont plus, la 5G (testée en Corée du Sud en 2018), l’ultra haute définition et l’internet des objets sont omniprésents. La nouveauté porte plutôt la création de chaines numériques dédiées, comme celle de France Télévision « Beijing h24 » qui débutera dès la toute première épreuve de ces Jeux le mercredi 2 février à 13h05 et diffusera en non-stop, 24h/24, 7 jours/7, l’intégralité des épreuves en direct, en différé ou en rediffusion jusqu’au 20 février. Ou encore sur l’instauration d’un portefeuille numérique sur AliPay et WeChatPay qui prendront en charge le yuan numérique. La monnaie numérique (appelée officiellement e-CNY) sera facilement accessible, avec son passeport et un numéro de téléphone. Un test grandeur nature certes, mais qui ne doit pas être considéré comme le lancement officiel. 

Et demain ? Et bien demain ce seront les Jeux de 2024 à Paris. Avec une ambition clairement affichée d’en faire les Jeux les plus numériques de l’histoire olympique. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire relever les défis liés à la mobilité, à la cybersécurité, aux performances sportives, au développement économique, à la transition énergétique, aux perspectives de durabilité et au maintien du lien social.  

Une transformation numérique des JO particulièrement ambitieuse qui serait porteuse d’innovations en matière d’infrastructures immobilières et de mobilité, de fluidité des transports de masse, d’utilisation des données, et réduction de l’empreinte carbone et environnementale pour les infrastructures et activités. 

Sans oublier les innovations liées aux performances sportives avec l’utilisation de capteurs, textiles intelligents, réalité augmentée, big data et intelligence artificielle, non seulement susceptibles d’aider les sportifs à améliorer leurs performances mais aussi à adapter leurs entrainements et détecter les futurs champions. 

Et après demain ? Les JO de Los Angeles en 2028, avec peut-être une reconnaissance pour le sport virtuel, puisque le Comité Olympique envisage d’autoriser certaines compétitions d’e-sport à devenir de vraies disciplines olympiques, récompensées au même titre que les autres, et ce, dès 2028. 

Finalement, cette fausse perception comme quoi la pandémie aura eu un effet d’accélération sur la transformation numérique de nos entreprises, est peut-être cette fois-ci vraie concernant l’évolution des mentalités des instances historiques. Une évolution qui fera certainement le bonheur des disciplines comme l’e-cyclisme ou encore l’aviron « indoor ». Cependant, oubliez le monde du jeu vidéo aux JO, le Comité Olympique souhaitant se concentrer sur les sports qui demandent … une activité physique. 

 

 

Taxi vs. Uber-X: une vieille stratégie pour contrer une nouvelle réalité

L’arrivée de Uber et UberX dans l’industrie des transports/taxis a fait l’effet d’une bombe, comme nous le savons déjà. L’industrie de la musique, avec le téléchargement en ligne, a fait la même chose dans les années 1990/2000. Toutefois, il y a une particularité très importante au modèle d’affaire de Uber, et plus spécifiquement à celui de UberX : la concrétisation de l’économie sociale (Social Economy).

Commençons par regarder le cas d’Uber.

1.- Tout d’abord, pour quelles raisons les gens aiment-ils cette plateforme? Facilité d’utilisation. L’application permet de savoir quand ton chauffeur va arriver et d’entrer à l’avance ta destination.

2.- Paiement simplifié. Terminé la « baboune » du chauffeur qui ne veut pas accepter la carte de crédit. Le paiement se fait automatiquement, il n’y a même plus besoin de se soucier du pourboire.

3.- Capacité d’évaluer le service. Je ne dois sûrement pas être le seul à trouver inacceptable l’attitude de certains chauffeurs et l’état de certaines voitures.

Reste le prix, et c’est là qu’UberX entre en scène. Alors qu’Uber met en relation des chauffeurs de taxi et des consommateurs, UberX lui met en relation des particuliers qui veulent offrir un service de transport. L’utilisation de son véhicule personnel pour offrir des déplacements permet d’offrir un prix plus bas aux consommateurs pour effectuer un trajet. Il y a là un problème “éthique” puisque les chauffeurs de taxi ont en fait une entente “d’exclusivité” en termes d’offre de services avec les gouvernements. Il va effectivement falloir trouver une solution à ce problème.

Toutefois, qu’est-ce qui empêche l’industrie des Taxis de développer une application ayant les mêmes fonctionnalités qu’Uber. Pourquoi ne sont-ils pas capable de se “regarder dans le miroir” et de se dire: « Hey, on embête tout le monde quand on refuse les cartes de crédit, on a l’air bête et nos voitures sont souvent dégoutantes ».

Pourquoi investir temps et argent en lobbying et, de surcroit, faire de l’intimidation auprès des utilisateurs de UberX, causant ainsi des excès de violence?

Uber et Air BnB sont des exemples concrets de ce que Gartner (une firme de recherche en technologie) appelle le “Nexus des forces”, c’est-à-dire la combinaison des capacités de l’infonuagique, du big data, de la mobilité et des réseaux sociaux.

Les nouvelles technologies transforment toutes les industries. En fait, tout investissement ayant comme objectif de « conserver des acquis » est vain.

Les industries doivent avoir une stratégie en deux étapes:

Premièrement, elles doivent mettre en place des stratégies de digitalisation qui leur permettront de concurrencer les « pure play », c’est-à-dire les compagnies de la nouvelle économie dont le modèle d’affaire est fondamentalement différent. Pensons à Amazon, Frank&Oak et évidemment Uber.

Deuxièmement, elles doivent définir une stratégie pour tirer profit de l’économie sociale, c’est-à-dire l’offre des particuliers à travers des plateformes technologiques. Pensons içi à AirBnB et évidemment UberX. Voilà donc un nouvel élément dont peu d’organisations tiennent compte. Ceci constitue la véritable menace aux entreprises d’aujourd’hui et le vrai défi à surmonter, car pour y faire face, les entreprises B2C doivent non seulement maîtriser la technologie, mais surtout revoir l’ensemble de la relation qu’ils ont avec leurs clients, et même leur offre.