Les contrats intelligents et leurs applications possibles au sein de la chaîne logistique

L’authenticité, la provenance, la preuve de travail à n’importe quel moment de la chaine logistique et même la preuve de l’impact social d’une matière première sont tous des éléments de plus en plus requis soit par le client, les agences de règlementation et les gouvernements. Requis, mais encore faut-il avoir confiance en l’information rapportée, n’est-ce pas ? Vous allez me dire que nous sommes sécurisés par des contrats. Est-ce que cela nous donne une confiance absolue ? Non, nous devons faire preuve de diligence raisonnable et valider si le contrat est respecté en tout temps.  Ce processus requière des ressources. Aujourd’hui avec la complexité et la rapidité de la chaine logistique, il devient de plus en plus difficile d’établir une confiance ou une transparence transactionnelle. Du moins, celle-ci requière des efforts de validation et des mécanismes de vérifications par les fiduciaires qui représentent des goulots d’étranglement dans le processus.

Bref, ce n’est certainement pas une création de valeur dans la chaine, mais plutôt un mal nécessaire.

L’avenir appartient aux contrats numériques

Ce qui est intéressant avec le potentiel de transformation numérique des contrats transactionnels, c’est la validation quasi instantanée de l’élément « confiance » entre deux parties. Il y a une opportunité d’optimiser le flux de travail des backoffices (contrôle qualité, comptabilité, gestion des stock, achat etc.) ou même d’éliminer le fiduciaire de la chaine. Le contrat intelligent ou smart contract repose sur la technologie de chaine de blocs (Blockchain). Le terme Blockchain est actuellement très à la mode dans l’industrie des technologies financières (FinTech). Cette popularité repose beaucoup sur la crypto-monnaie Bitcoin ou encore sur les technologies de transfert instantanée de monnaies Fiat entre banques comme Ripple.

Chaine de blocs 101

Qu’est-ce qu’une chaine de blocs ? C’est une base de données décentralisée, composés de multiples nœuds de stockage. Cette architecture prévient la falsification et la modification des blocs chronologiques d’échanges. Il consiste en un protocole décentralisé de vérifications des échanges. (Wikipedia, s.d.). Par exemple, la traçabilité d’un produit à partir de son point d’origine ne peut pas être altérée ou égarée. Lors de l’échange de l’actif, la transaction est validée par plusieurs mineurs dans le système afin d’obtenir un consensus. Une anomalie insérée dans un bloc serait vite repérée dans le réseau.   (Wikipedia, s.d.)

Je vous invite à lire davantage sur le sujet pour comprendre le fonctionnement technique.

and-how-does-it-work.html »>http://www.cio.com/article/3055847/security/what-is-blockchain-and-how-does-it-work.html

Coindesk.com

News.bitcoin.com

La plateforme de contrat intelligent la plus connue présentement est le projet Ethereum

 #blockchain

De la théorie à la pratique

En résumé, la technologie du Blockchain permet le transfert électronique de valeur entre deux parties, sans intermédiaires.  Par exemple, je peux échanger un produit (valeur X) en contrepartie de Bitcoin (valeur X) et ce, sans service bancaire. Les coûts de transactions sont par le fait même réduits. Les contrats intelligents eux, sont un échange de valeur avec des conditions contractuelles exécutables. Les clauses contractuelles deviennent alors inutiles. L’opportunité de réduire les coûts de transaction et les frais légaux de transfert de propriété en font alors une justification au cas d’affaire.

  • Un consommateur pourrait avoir la confirmation hors de tout doute raisonnable que le produit acheté est socialement responsable selon ses critères.
  • Lors d’un rappel de produit, vous obtiendriez une notification sur votre téléphone intelligent, et le tout respecterait complètement la nature privée de vos données.
  •  Un pharmacien pourrait, avec un code barre ou un téléphone, vérifier l’authenticité de la provenance d’un médicament.
  • Un artiste pourrait recevoir le paiement en temps réel pour chaque lecture de sa pièce indépendamment du site de streaming. Comment il s’assure de la véracité des sources d’information utilisés pour la calcule des royautés ? Dans certaine plateforme la formule est plus complexe qu’un simple taux fixe accepté par les deux parties. Voyons maintenant l’application au niveau de la chaine de logistique. Actuellement, les étapes et les personnes impliquées sont nombreuses :
  • D’un côté, on procède d’abord à un ordre d’achat. L’autre partie fait un ordre de vente.
  • Le vendeur fait un bon de livraison. L’acheteur envoi une confirmation de réception.
  • Le vendeur fait un débit dans mon compte de banque, l’acheteur un crédit.

Les deux parties colligent l’information dans deux grands livres distincts. Du personnel est nécessaire à chaque étape, en plus d’un vérificateur externe, sans oublier la banque pour régler le paiement. Maintenant imaginez un seul grand livre pour les deux entités. Un grand livre auquel les deux partis ont confiance : le Blockchain.

Plus besoin d’ordre de vente, de bill of lading ni de règlement bancaire. On commande et le paiement se fait automatiquement au moment de la réception ou selon la clause programmée dans la transaction (ex : plus 30 jours). C’est vrai, il y a des cas plus complexes et des exceptions. Cela dit, le principe du Blockchain est prometteur et plusieurs cas utilisateurs sont en démonstration de faisabilité. Cette transformation numérique est une opportunité d’améliorer la chaine logistique. Cessons de valider les validations ! Le client ne veut pas payer pour ça. Ce n’est pas un processus d’affaires à valeur ajouté. Un mal nécessaire, croyez-vous ? Et si on pouvait changer cela ?

Ce sujet vous intéresse, je vous invite à lire ce whitepaper intéressant sur le supply chain socio responsable. https://www.provenance.org/whitepaper

Pas loin de chez nous, une nouvelle banque canadienne à impact social ;  Impak banque  va baser ses activités sur cette technologie. Vous pouvez en lire plus ici   http://impakfinance.com/about/

 

5 facteurs de succès pour une traçabilité efficace des matières premières alimentaires

La traçabilité des matières premières alimentaires de plus en plus complexe

 

Les technologies de gestion d’entreposage (WMS) et de gestion d’exécution manufacturière (MES) contribuent à répondre aux exigences de traçabilité des matières premières alimentaires. Depuis la globalisation des marchés, il s’agit d’un enjeu encore plus d’actualité. La complexité des cycles multiples de production et la gestion des allergènes sont également d’autres enjeux bien présents.

 

Les agences gouvernementales comme l’ACIA ou des initiatives globales d’autorégulation comme le GFSI (Global Food Safety Initiave) se concentrent plutôt sur la gestion préventive des risques de la chaine d’approvisionnement et du processus de fabrication. Cela dit, ils s’entendent pour dire que la modernisation des systèmes de gestion de l’information est un élément de facilitation très important dans un système de traçabilité.  Les systèmes manuels maison sont reconnus pour ne pas être fiables et ils présentent un risque pour la fraude ou le bioterrorisme.

 

Un marché de 15 milliards

 

Il est évident aujourd’hui qu’il y a une demande grandissante pour les technologies en traçabilité. Les principaux fournisseurs de cette industrie évaluent le marché potentiel à environ 15 milliards de dollars d’ici 2020 (Packaging Digest & Food Quality News, 2014).

 

L’implantation d’un système de gestion des inventaires tel que WMS est relativement simple et efficace pour la gestion des produits finis. C’est ensuite que les choses se complexifient, notamment avec la gestion par LOT des matières premières. Ajoutons à cela toute la complexité d’interprétation standard des LOT fournisseurs, de la gestion des allergènes, la rotation des stocks FIFO, et les retours en inventaire.

 

Voici 5 facteurs de succès importants d’une implantation système de gestion des matières premières.

 

  1. La traçabilité comme force motrice de changement organisationnel

 

La gouvernance du projet est le facteur de succès numéro un. L’initiative du projet doit être étroitement liée à la politique de qualité et de sécurité alimentaire de l’entreprise, en plus d’être arrimée avec le plan stratégique de l’entreprise.

 

Un projet de traçabilité est très mobilisateur et il y a peu de barrières à son adoption. Par contre, il est fortement recommandé de mettre en place un plan de gestion de changements afin d’énumérer des actions claires en lien avec l’objectif et surtout pour favoriser une pérennité dans la qualité du travail. Il est aussi très important de bien évaluer la main d’œuvre. Les enjeux de langue, de connaissances et d’éducation ne sont pas rares dans l’industrie.

 

  1. « Garbage In Garbage out » : Remettre en question les processus daffaires actuels

Est-ce qu’une solution technologique va résoudre tous les problèmes d’inventaire et les non-conformités en matière de traçabilité ?

 

Combien de fois avons-nous pu entendre : « Il est impossible d’organiser l’entrepôt car les achats achètent trop. Les achats achètent trop car la production ne rencontre pas le plan de travail et les inventaires ne représentent pas la réalité. Finalement, la production ne rencontre pas le plan de travail, car l’entrepôt n’est pas organisé. » On tourne en rond et tantôt, on blâmera l’incohérence des systèmes pour se déculpabiliser.

 

La réponse à la question en sous-titre est non.  La responsabilisation des employés est un enjeu majeur pour une traçabilité et gestion efficace des inventaires. Mais encore faut-il porter réflexion sur l’encadrement/supervision, les processus et l’environnement de travail actuel. Il est clair que la solution technologique ne servira pas de baume. Plusieurs outils d’amélioration continue sont disponibles pour identifier les causes fondamentales si un problème de fiabilité du compte inventaire physique est récurrent. Il est fortement recommandé de planifier des discussions à ce sujet dans la phase d’analyse d’un projet.

 

  1. Les attentes Énoncer clairement les critères de performance

Les attentes en termes de performance du système varient grandement entre les parties prenantes et aussi d’une organisation à l’autre. Les critères suivants peuvent servir de base.

  • Garantir une traçabilité complète. Prévoir des exercices de rappel afin de mesurer l’efficacité.
  • Être constamment surveillés et entretenus afin d’assurer un fonctionnement continu, ce qui peut être mesuré par des audits.
  • Être régulièrement mis à jour et configuré pour s’assurer que le système réponde aux besoins changeants. L’autonomie des utilisateurs à effectuer des tâches avancées est un indicateur mesurable.
  • Être convivial et bien s’intégrer aux processus. Le taux d’adoption en est un bon indicateur.
  • Être fiable. Le décompte cyclique ou l’analyse des variances de consommation permet de vérifier la fiabilité.

 

  1. Meilleures personnes, meilleurs résultats : Assigner les bonnes ressources 

L’entreprise doit avoir un excellent gestionnaire de projet présentant des aptitudes de leadership auprès de l’équipe d’opération et de technologie. Ce gestionnaire est capable d’articuler les critères de performance en gardant les fournisseurs et les autres parties prenantes sur la bonne voie. Il veille également à ce que le plan de projets soit complet et précis sous tous les aspects.

L’équipe projet doit être constituée des meilleures ressources maitrisant le processus de traçabilité provenant des départements d’assurance qualité, de production, de logistique et d’analyse d’affaire IT. Il ne faut pas oublier d’impliquer des utilisateurs finaux le plus tôt possible dans la phase d’analyse, puisqu’ils deviendront super utilisateurs et agiront comme agents de changement. Impliquer le responsable d’amélioration continue dans le projet est recommandé.

  1. Focus : Un plan de projet structuré

Il est impératif pour le succès du projet que sa portée soit claire et bien définie. Il est facile de perdre l’objectif de vue et de s’égarer.  Il faut constamment vérifier si les actions sont en ligne avec la portée approuvée. Ce point semble évident, pourtant, il n’est pas toujours valorisé.

Ensuite, il est crucial de bien identifier et analyser les cas d’utilisation dans le processus. Cela permettra de bien définir les besoins d’affaires et les requis techniques nécessaires pour soutenir le projet. Cette étape est le fondement même d’un développement et plan test efficaces. Elle permet notamment de s’assurer qu’il n’y ait aucun impact sur les activités opérationnelles de l’entreprise, une exigence importante, comme on le sait. Les phases TEST et formation deviennent par conséquent les phases les plus longues et importantes. Couper court dans la documentation et l’exécution des tests risque de hanter l’équipe projet longtemps !