Cet article a été publié dans le blogue d’Olivier Laquinte sur LesAffaires.com

Il est légitime de se demander pourquoi une personne peut avoir tant de difficultés à introduire de nouvelles technologies dans le cadre de son travail, alors qu’elle y a constamment recours dans sa vie personnelle.

par Olivier Laquinte

Une récente étude commandée par Talsom, a révélé que 72% des dirigeants considéraient le degré d’adoption numérique comme faible au sein de leur organisation. Une statistique inquiétante, car révélatrice du faible niveau de littératie numérique au sein de nos entreprises, se posant dès lors en obstacle à la transformation ou l’évolution de chacune des entreprises. Un constat paradoxal quand on pense aux multiples technologies avec lesquelles nous interagissons pourtant quotidiennement dans nos vies personnelles et professionnelles.

Une réelle dichotomie entre l’usage et la connaissance

Dans une société et une économie toujours plus numérisée, où la technologie occupe une place grandissante, le citoyen a accès à tout, en tout temps. Son niveau d’attente augmente également au rythme accéléré des progrès technologiques. Une réalité qui nous porte à devenir exigeants en termes d’expérience, que l’on veut à présent fluide et instantanée, dans nos actions comme dans nos interactions. Tantôt consommateurs, tantôt clients ou employés, nous sommes constamment à la recherche d’expériences positives et stimulantes pour combler nos attentes dans chacune des sphères de nos vies.

Il est donc légitime de se demander pourquoi une personne peut avoir tant de difficultés à introduire de nouvelles technologies dans le cadre de son travail, alors qu’elle y a constamment recours dans sa vie personnelle.

Réponse directe et brutale: bien souvent, les équipes de direction n’investissent pas suffisamment de temps (ni d’argent) pour ancrer la nécessité de transformer l’entreprise dans l’esprit des membres de leurs équipes. Ils n’incarnent pas au quotidien cette volonté de se transformer et font en sorte qu’elle n’est que mots qui demeurent à l’interprétation de tout un chacun. Autrement dit, on tient trop souvent pour acquis que les membres des équipes seront automatiquement mobilisés par les projets de transformation. Une raison qui explique sans doute pourquoi 68% des projets d’implantation se soldent par un échec, selon une étude du Standish Groupe.

Solution simple et efficace (mais peu appliquée) : pour réussir votre démarche de transformation, vous devez véritablement engager vos équipes. Pour y parvenir, vous devez investir autant de ressources financières, technologiques et humaines que si vous lanciez un nouveau produit ou service. J’ai trop souvent entendu des dirigeants tenter de mobiliser leurs employés en énonçant les objectifs des projets de la manière suivante : « On doit terminer nos projets technologiques pour réaliser les bénéfices de nos investissements », ou encore « On doit effectuer notre transformation numérique pour être les premiers au Canada dans notre domaine ». On s’entend pour dire qu’il est difficile d’être moins inspirant. Votre comité exécutif lui-même ne percevrait pas les nouveaux possibles atteignables proposés dans ce projet de transformation, imaginez un instant vos équipes… Elles se contenteront d’exécuter sans passion vos projets, rien de plus.

L’étoile du Nord

Pour susciter l’engagement de vos équipes, la première (et peut-être la plus importante) chose à faire est de définir votre «urgence d’agir», plus connue sous la notion de «Burning platform». Ce sera votre étoile du Nord. Un énoncé qui permettra à vos équipes de comprendre le défi auquel l’organisation est confrontée et ainsi visualiser une cible qui soit inspirante.

Pour y arriver, vous devez d’abord répondre à ces quatre questions:

  • Quel est le problème actuel?
  • Qu’arrivera-t-il si nous n’y remédions pas, que perdrons-nous et que ne pourra-t-on pas faire?
  • Pouvons-nous faire les choses différemment?
  • Quel résultat pouvons-nous anticiper ou devons-nous atteindre?

Les réponses vous permettront de rédiger votre «énoncé de l’urgence d’agir». Elles viendront d’une équipe multidisciplinaire que vous aurez créée qui regroupera une variété de points de vue différents, vous permettant d’éviter les angles-morts. N’ayez surtout pas peur de tester votre énoncé avec des groupes d’employés et amusez-vous à pratiquer avec eux le « test à l’acide ».

Aucun gestionnaire ne lancerait un nouveau produit sans faire quelques itérations, alors pourquoi le faire dans une démarche qui vise à transformer votre organisation? Et rappelez-vous : le trajet est aussi important que la destination quand on parle du numérique. Entourez-vous de vos collaborateurs et construisez votre coalition.

Rappelez-vous que l’humain est véritablement au cœur de la transformation numérique et que la première étape consiste à mobiliser vos équipes. L’ignorer aura des conséquences potentiellement fâcheuses. L’accepter décuplera à coup sûr la vitesse à laquelle vous vous transformerez.