L’école Fletcher, qui fait partie de l’université Tufts située proche de Boston, et Mastercard, ont lancé leur 3ème édition de ce qu’ils ont appelé le « Digital Intelligence Index », qui se distingue en déterminant ce qui rend les économies numériques plus résilientes et plus dignes de confiance.
par Stéphane Ricoul
Dédouanons de suite le fait que les USA, la Corée du Sud, Taïwan, les Émirats Arabes Unis et l’Allemagne sont parmi les économies numériques les plus dynamiques, avec des talents de disponibles, une R&D fluide entre industries et universités et un bilan particulièrement positif en matière de création et de mise en marché de produits numériques. De bonne augure pour ces pays, face à une pandémie qui a mis en évidence la contribution de l’économie numérique dans la résilience globale de l’économie, selon le doyen de l’Université Tufts.
Ce qu’il y a d’intéressant dans cette étude, c’est qu’au-delà de l’importance d’avoir accès à Internet ou aux données, c’est l’utilisation que l’on fait du numérique et l’implantation de politiques publiques en lien avec les institutions et les règles de gouvernance des données qui sont les facteurs les plus importants dans la compétitivité liée au numérique. Et pour ce faire, l’indice examine l’évolution numérique (donc de hier à aujourd’hui) et… la confiance numérique (donc d’aujourd’hui à demain).
Évolution numérique
Pour l’évolution numérique, l’index se base sur 160 indicateurs dans 90 économies, relatifs à 4 dimensions :
- L’environnement institutionnel, donc principalement institutions et politiques ;
- Les conditions de la demande, à savoir si le consommateur dispose des moyens nécessaires pour se connecter et s’intéresser à l’économie numérique ;
- Les conditions de l’offre, soit la qualité et l’état opérationnel des infrastructures numériques ;
- Et la capacité à innover et évoluer, qui fait un lien avec la disponibilité des talents et des capitaux, ainsi que la création de nouveaux produits et services numériques.
Parmi ceux qui stimulent l’innovation et construisent l’économie numérique de manière efficace et efficiente, appelés « les économies leaders » dans l’étude, on retrouve, sans surprise les USA, mais aussi, Singapour, Hong Kong, la Corée du Sud, Taïwan, l’Allemagne, l’Estonie, les Émirats Arabes Unis, Israël, la République Tchèque, la Malaisie, la Lituanie et le Qatar.
Parmi les économies numériques à maturité, dotées de taux d’adoption élevés malgré une dynamique numérique qui ralentit, appelées « les économies stables » dans l’étude, on retrouve la Suède, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Japon et le Canada. Une position somme toute enviable puisque ces pays privilégient la durabilité plutôt que la vitesse et investissent dans le développement de l’inclusion numérique et la construction d’institutions solides.
Pour les autres économies numériques, on retrouve « les économies challenger », qui évoluent rapidement et attirent donc les investisseurs (par exemple la Chine) et « les économies à suivre », qui ont des lacunes mais qui sont enthousiastes à l’égard d’un avenir numérique.
La confiance numérique
Pour ce qui est de la confiance numérique, ce sont 198 indicateurs dans 42 économies qui sont mesurés dans cet indice, avec quatre dimensions clés, soient le comportement, les attitudes, l’environnement et l’expérience.
Certaines économies commencent à acquérir une dynamique en matière de comportement, avec un engagement substantiel envers les technologies numériques, c’est le cas du Brésil par exemple.
Une économie comme celle de la Chine, adopte de plus en plus des attitudes favorables concernant leur avenir numérique, soutenues par l’adoption accélérée du numérique.
Les économies ayant une approche plus mature du numérique et des politiques liées, comme la Suède mais aussi dans une moindre mesure le Canada, jouent sur la protection de la vie privée, la sécurité et la responsabilisation des citoyens qui tendent à adopter une attitude optimiste face à l’avenir numérique.
Et il y a enfin les économies dont le haut taux d’engagement leur offre un avantage évident dans l’atteinte d’objectifs en lien avec le numérique, comme encore une fois les États-Unis.
Conclusion
On comprend dès lors que la croissance économique des pays, qui passe par l’économie numérique sans nul doute, passe également par l’adoption sereine que le consommateur en fera. Et pour paraphraser Mark Barnett, président de Mastercard Europe : « Alors que de plus en plus, nous menons tous des vies “orientées numérique”, il est important de comprendre comment la digitalisation des pays a évolué, et comment la confiance dans l’écosystème numérique peut contribuer à la croissance et à la prospérité ».